2 ème Dimanche de Carême / A

Source: https://lectioyouth.net/fr

Première lecture : Genèse 12,1-4a

Psaume : Psaume 32(33), 4-5.18-20.22

Deuxième lecture : 2 Timothée 1,8b-10

Évangile : Matthieu 17,1-9

PRIER

Psaume 32(33), 4-5.18-20.22

Droite est la parole de Yahvé, et toute son œuvre est vérité; 

il chérit la justice et le droit, 

de l’amour de Yahvé la terre est pleine.

Voici, l’œil de Yahvé est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour, pour préserver leur âme de la mort et les faire vivre au temps de la famine. 

Notre âme attend Yahvé, notre secours et bouclier, c’est lui.

Sur nous soit ton amour, Yahvé, comme notre espoir est en toi.

LIRE LA PAROLE

PREMIÈRE LECTURE

Genèse 12,1-4a

Yahvé dit à Abram: « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom; sois une bénédiction!

Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. 

Par toi se béniront tous les clans de la terre. » 

Abram partit, comme lui avait dit Yahvé, et Lot partit avec lui.

DEUXIÈME LECTURE

2 Timothée 1,8b-10

Souffre plutôt avec moi pour l’Evangile, soutenu par la force de Dieu, qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce. À nous donnée avant tous les siècles dans le Christ Jésus, cette grâce a été maintenant manifestée par l’Apparition de notre Sauveur le Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’Evangile.

ÉVANGILE

Matthieu 17,1-9

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les emmène, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux: son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici que leur apparurent Moïse et Elie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors, prenant la parole, dit à Jésus: « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici; si tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. » Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre, et voici qu’une voix disait de la nuée: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le. » À cette voix, les disciples tombèrent sur leurs faces, tout effrayés. Mais Jésus, s’approchant, les toucha et leur dit: « Relevez-vous, et n’ayez pas peur. » Et eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus, seul. 

Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: « Ne parlez à personne de cette vision, avant que le Fils de l’homme ne ressuscite d’entre les morts. »

ENTENDRE LA PAROLE

Le thème : Persévérer dans l’écoute de la Parole de Dieu

Dimanche dernier, les lectures nous apprenaient ce que veut dire « choisir la vie ». Prendre la décision de faire confiance à Dieu et de lui obéir est la première étape de la croissance. Mais nous ne pouvons opérer un tel choix sans écouter continuellement Sa voix. Tel est le message de ce deuxième dimanche de carême.

L’histoire de vie d’Abram bascule de façon décisive avec l’appel de Dieu, comme nous le rapportent les premiers versets de Genèse 12. Cet appel inaugure la longue et très importante histoire des patriarches qui se poursuivra dans celle du peuple élu de Dieu. Ce que nous appelons « l’histoire du salut » – le dessein salvifique de Dieu à l’égard du monde et de son peuple, ainsi que ses actions pour le mener à bien – commence avec l’appel d’Abram. Toutefois les prémices et le contexte de cette nouvelle étape sont déjà présentés en Genèse 11, quand le père d’Abram, Térah, quitta la lointaine terre d’Our des Chaldéens, emmenant avec lui toute sa famille. Leur destination ultime était la terre de Canaan, mais pour des raisons que la Bible n’explicite pas, ils s’arrêtèrent à mi-chemin, à Harrân. Dans cette ville étrangère, Abram se trouvait dans une situation douloureuse, voire tragique : il n’avait ni passé (il avait laissé derrière lui sa patrie et ses racines familiales), ni avenir (sa femme Saraï était stérile et il ne pouvait pas espérer de descendants). Il est extraordinaire que, précisément à ce moment-là, alors qu’il n’y avait plus d’issue, la voix de Dieu se soit fait entendre avec l’ordre intimant à Abram de poursuivre le périple commencé.

L’appel emblématique de Dieu contient un ordre direct : « va ». Il est accompagné d’une promesse étonnamment riche, en lien précisément avec la situation douloureuse d’Abram : à savoir, la promesse de nombreux descendants et d’une terre où ils pourront vivre. Ces promesses visent un futur lointain –Dieu ne propose pas de solutions immédiates – et se concentrent dans le mot de « bénédiction » : « Tu seras bénédiction » et « toutes les familles de la terre seront bénies en toi ». Abram était bien conscient qu’il ne pourrait voir de son vivant la réalisation de toutes ces promesses. Mais avec une confiance profonde dans le fait que la parole de Dieu est sûre, il se mit en route. Il « partit comme le Seigneur le lui avait dit », en dépit des questions et des incertitudes, en dépit de son âge avancé car il avait 75 ans. Et c’est grâce à sa confiance et à sa fidélité, manifestées dans l’écoute et l’obéissance à la voix de Dieu, que les promesses commencèrent à se concrétiser. Car au fur et à mesure de son périple, la réalisation de la parole de Dieu devenait plus proche.

Lorsque l’apôtre Paul écrit à son disciple et collaborateur Timothée, il se trouve dans une situation difficile. Il a bien conscience d’arriver au terme de sa vie et de son service. Il se trouve en prison à cause de son travail et de son engagement pour Jésus et pour l’Évangile. Il espère rendre à son Seigneur le témoignage suprême en donnant sa vie dans le martyre. Une telle situation est tout à la fois douloureuse et exigeante. Il pouvait se poser cette question : «  Une telle fin signifie-t-elle que ma vie missionnaire a été un échec ? » Quoi qu’il en soit, l’apôtre persévère dans une prière constante et une gratitude sans faille à l’égard du Seigneur. Il a déjà expérimenté cette vérité paradoxale que la force de Dieu se déploie dans la faiblesse (voir 2 Co 12, 9). C’est pourquoi, il exhorte son disciple à poursuivre et à n’avoir honte ni du Seigneur Jésus, ni de lui-même le prisonnier par amour du Christ. Timothée doit « prendre sa part de souffrance pour l’Évangile avec la force qui vient de Dieu ».

Pour être capable de suivre l’exemple de son maître, Timothée devra avoir une connaissance profonde de l’Évangile de Jésus Christ qui a triomphé de la mort. L’apôtre le lui rappelle, l’exhortant à ne pas oublier l’appel et la grâce qu’il a reçus. Ultérieurement, dans cette même lettre, Paul l’encourage à poursuivre ce témoignage, soulignant l’importance de l’écoute du message évangélique et de sa transmission : « … ce que tu as appris de moi, en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles qui auront eux aussi les capacités pour l’enseigner encore à d’autres » (2 Tm 2,2). En dépit des difficultés et des dangers, Timothée doit continuer la mission de Paul, soutenu par la puissance de la Parole de Dieu. Et il doit partager cette Parole avec d’autres.

Dans l’Évangile, nous entendons le récit de la transfiguration de Jésus survenue sur une montagne, alors qu’il se rendait à Jérusalem. Pour Matthieu (mais aussi pour Marc et Luc), ce voyage fut l’unique pèlerinage de Jésus dans la Cité Sainte. C’est là qu’il allait souffrir sa mort sur le Calvaire, une petite colline située juste en dehors des murs de la ville. Toutefois, l’issue ultime de ce périple était la résurrection. Tandis que le groupe des disciples accompagnait Jésus à Jérusalem, il les enseignait, soulignant l’importance de la Croix comme partie intégrante du plan salvifique de Dieu. Ce message était si difficile qu’ils faisaient tout pour l’ignorer. Une vision de gloire sur la montagne devait contrebalancer la tragédie de la mort infâmante sur le Calvaire.

Lors de la transfiguration de Jésus, trois disciples choisis furent les témoins d’une révélation divine, similaire à celle du Sinaï : la révélation de Dieu à Moïse et à tout Israël, puis plus tard celle qui fut faite à Élie. La nuée lumineuse, la voix de Dieu et la prosternation des disciples sont autant d’éléments qui servent à exprimer la révérence qui s’impose, lorsque des êtres humains sont les témoins des manifestations puissantes de Dieu. Les disciples connaissaient ces faits du passé d’Israël et eux-mêmes réalisèrent qu’ils étaient en présence du Dieu vivant. Leur peur naturelle fut transformée par un toucher de Jésus à la fin de l’épisode, un geste de réconfort et de consolation. Ces paroles : « Levez-vous et n’ayez pas peur », ainsi que la mention de la résurrection les orientaient vers les événements qu’ils seraient amenés à vivre juste après la mort de Jésus. Cet aperçu de la gloire lumineuse du Messie ressuscité, qu’ils verraient d’abord torturé et humilié, avait pour but de fortifier leur foi et leur espérance lorsque surviendrait le moment de crise. Cet événement allait donc leur permettre de ne pas être totalement accablés et anéantis par le scandale des souffrances de Jésus.

Au cœur de l’épisode de la Transfiguration, se trouve la communication divine entendue par l’intermédiaire de la voix venue de la nuée. Les paroles prononcées identifiaient Jésus au « Fils bien-aimé » du Père, au Messie que les disciples devaient écouter. De cette manière, Dieu les préparait à l’avenir. Quand les événements difficiles, à l’échelle de leur vie personnelle et à celle de l’histoire, conspireraient pour leur ôter leur foi et leur espérance, ils devraient faire fond sur les paroles de Dieu, des paroles qui parviendraient à leur accomplissement malgré les contradictions apparentes. Cette attitude est la condition même de la poursuite de la mission de Jésus et de l’aventure croyante, qu’il s’agisse d’eux ou des disciples qui prennent leur suite à travers les âges.

Ce présent dimanche, nous observons comment Dieu se rend proche des personnes qui se mettent en route, que ce soit vers la terre de Canaan ou vers Jérusalem, ou qu’il s’agisse simplement pour elles d’avancer sur leur chemin de vie. Immanquablement, elles rencontrent des difficultés et sont parfois même confrontées à la perspective de la mort. Abram s’arrête à Harrân alors qu’il n’avait plus aucun espoir. Timothée doit affronter la mort prochaine de son maître et mentor, Paul. Les disciples sont terrifiés à la pensée de la croix et cela de plus en plus, au fur et à mesure que Jésus approche de Jérusalem. Dans tous les cas mentionnés ici, la voix de Dieu s’adresse aux personnes concernées en leur intimant de poursuivre leur chemin. Il ne leur donne pas seulement un ordre, mais il les assure également qu’il continuera à marcher avec elles. À l’écoute de sa voix et de son appel, elles s’ouvrent à la puissance illimitée de Sa grâce qui les conduira et changera ce qui leur paraît désespéré. « Car la parole du Seigneur est droite, toutes ses œuvres sont sûres », dit le psalmiste. Avec lui, prions : Seigneur, «  c’est en toi que nous mettons notre espérance. »

ÉCOUTER LA PAROLE DE DIEU

Le thème de ce deuxième dimanche de carême nous incite à réfléchir sur notre envoi en mission. Chaque fois que nous prenons part à la Sainte Messe, le prêtre ou le diacre disent, à la fin de la célébration : « Allez » et proclamez la parole de Dieu dans vos vies. L’Évangile de ce jour nous précise que, après avoir entendu la voix divine, les trois disciples voulurent dresser trois tentes sur la montagne parce qu’ils y faisaient l’expérience de la présence de Dieu et étaient heureux d’être là. Toutefois, à la suite de Jésus, ils durent redescendre de cette montagne et poursuivre leur mission, tout comme Abram fut sommé de quitter le lieu où il demeurait. Quand nous réfléchissons à cet ordre de partir, trois idées se font jour qui peuvent constituer des enseignements de vie.

D’abord, écouter la Parole de Dieu nous transforme et s’avère être un défi pour notre existence et pour notre foi. En ce temps du carême, l’écoute de cette Parole doit déboucher sur une conversion –un changement visible. Dieu nous affirme que « le réalisateur qui agit, sera béni en ce qu’il fait » (Jc 1, 25). La Parole de Dieu devrait nous interpeller et nous transformer. Par conséquent, nous devons examiner nos vies pour déterminer ce qu’il est nécessaire d’éliminer. Ainsi, si j’ai tendance aux commérages, à mentir, à voler ou à porter des jugements, je devrai répondre à la Parole de Dieu en abandonnant ces façons d’agir. Ce qui fera de moi quelqu’un de transformé.

Deuxièmement, persévérer dans l’écoute de la Parole de Dieu nous embrase. Saint Ignace de Loyola dit : « Allez et mettez le feu au monde. » Quand nous écoutons cette Parole divine, nous sommes fortifiés par le souffle de l’Esprit Saint, donateur de vie, et nous ne pouvons la garder pour nous-mêmes. Nous devons la partager avec nos frères et nos sœurs. Après avoir reçu le message de Dieu par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel, Marie partit pour faire part à Élisabeth de la révélation qui lui avait été faite et de la joie qui l’habitait. Nous devons partager le feu que nous expérimentons dans la rencontre avec la Parole de Dieu en témoignant par toute notre vie, plus particulièrement à l’intérieur de nos familles, dans notre communauté, au travail, à l’école et partout où nous nous trouvons.

Troisièmement, persévérer dans l’écoute de la Parole de Dieu nous contraint à l’action. Comme Abram, nous devons poursuivre notre route et devenir les missionnaires de Dieu. Nous devons quitter nos zones de confort et aller là où Dieu nous envoie. Et, dans ce mouvement, il nous faut évangéliser son peuple. Cela ne veut pas dire qu’il faille aller loin, partir pour l’étranger. Nous devons d’abord être missionnaires dans notre propre contexte qui a tant besoin de la présence de Dieu. Ce type de mission suppose de « sortir de nous-mêmes », afin de rencontrer nos frères et nos sœurs. Dans ces rencontres nous partageons avec eux nos joies et nos peines personnelles, mais surtout, notre foi. Nous ne devons pas justifier notre retrait en disant : « je ne suis pas sociable » ou « je suis d’un tempérament introverti ». Nous devrions être des personnes au cœur ouvert, être les canaux de la bénédiction de Dieu pour les autres. En faisant ainsi, nous « descendons » de la montagne de notre confort pour nous déplacer vers des terres inconnues comme Abram ou les disciples.

Nous devrions nous engager dans cette mission avec courage. C’est Dieu qui nous appelle à assumer cette responsabilité missionnaire qui incombe à tout disciple. Nous ne devrions rien craindre, puisque Dieu nous a assurés de sa constante protection et de ses bénédictions. Nous ne devrions pas nous exprimer ainsi : « J’ai peur, je ne suis pas assez formé, je ne suis pas entraîné, je suis trop jeune ou je suis trop vieux. » Dieu appelle chacun, sans s’occuper de son âge ou de son statut, à vivre cette mission d’une manière unique et spécifique. Pour répondre adéquatement à cet appel et à cet envoi, nous avons besoin de prier et de méditer la Parole de Dieu. C’est l’écoute constante de cette Parole qui nous permettra d’avancer.

PROVERBE

« Les voyageurs apportent avec eux d’heureuses nouvelles ».

(Proverbe bemba, Zambie)

AGIR

S’examiner :

Est-ce que je permets au feu de la Parole de Dieu de me transformer et de m’inspirer ? Est-ce que je vais de l’avant en annonçant la Parole de Dieu à ma famille, à ma communauté et à la société ?

L’écoute de la Parole de Dieu m’incite-t-elle à sortir de moi-même pour rencontrer les autres ?

Répondre à Dieu :

Je m’engage à écouter la Parole de Dieu en lisant la Bible et en prenant au moins 10 minutes de prière par jour.

Répondre à notre monde :

Je m’engage à partager quelque chose de ma foi et de mon expérience de Dieu avec tel ou tel au cours de cette semaine.

En tant que groupe, choisir une manière concrète d’aller de l’avant ou de « descendre » de la montagne avec le feu de la Parole de Dieu qui nous habite, pour le propager dans le contexte de notre communauté.

PRIER

Seigneur Dieu, 
nous te remercions de nous appeler à persévérer dans l’écoute de ta Parole divine. 
Aide-nous à devenir des réalisateurs de ta Parole. 
Embrase-nous du feu de l’Esprit Saint, afin que nous puissions aller partout où tu nous envoies pour  la proclamer. 
Supprime en nous toute peur et le doute, et donne-nous la force de te servir fidèlement. 
C’est en toi que nous mettons notre espérance. 
Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur. 
Amen.


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