ANNONCER LE CHRIST JÉSUS

QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME, ANNÉE A. TEXTES : 1 S 16, 1b.6-7.10-13a ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; Ep 5, 8-14 Jn 9, 1.6-9.13-17.34-38. THÈME : IL S’EN ALLA ET SE LAVA ; QUAND IL REVIENT, IL VOYAIT.

Bien aimés dans le Christ Jésus, « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ». (Ps 22, 1).

En ce quatrième dimanche, le récit de la guérison de l’aveugle-né est un récit symbolique, qui se voit comme un processus catéchuménal qui conduit l’homme des ténèbres à la lumière ; de l’oppression à la liberté ; de ne rien être à être pleinement homme. Dans ce texte plein d’émotions, Jésus vient de dire :

« Je suis la lumière du monde ». Il le répète et il va le prouver en donnant la vue à l’aveugle. Jésus ne le consulte pas, mais il ne supprime pas sa liberté, il lui donne une chance, mais la décision reste entre ses mains. « Va te laver ». Mais à côté de cette guérison, certains personnages dit intellectuels, savants, juristes, les soi-disant saints sont toujours aveuglés, c’est-à-dire les pharisiens, apôtres, compatriotes… Quel contraste pour nous aujourd’hui.

Bien aimés dans le Christ Jésus, l’acte de Jésus de mélanger la terre avec sa salive, ne pourrait pas symboliser la création de l’homme nouveau, composé de la terre-chair et de la salive-Esprit ? Mais que disent les pharisiens à ce propos ? Il lui a appliqué sa boue dans les yeux. La boue, modelée par l’Esprit, est le projet de Dieu déjà réalisé en Jésus, et avec la possibilité de réaliser sur tous les êtres humains. Saint Jn utilise deux verbes pour indiquer l’application de la boue dans les yeux de l’aveugle : ἐπέχρισεν (il oignit), le verbe oindre(2fois) en lien avec l’appel de Jésus « Messie ». Et Jésus lui dit « Va te laver à la piscine de Siloé » qui signifie Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Plus tard, il dira simplement appliquer. Voici la clé de l’histoire.

L’aveugle est maintenant un « homme voyant », comme Jésus. L’homme charnel a été transformé par l’Esprit. Le doute des gens sur l’identité de l’aveugle reflète la nouveauté que produit l’Esprit : Être le même ou c’est quelqu’un d’autre ? Bien aimés dans le Christ Jésus, de la piscine de Siloé, de l’eau de la fontaine baptismale, notre ami qui n’était que chair s’est laissé transformer par l’Esprit. Nous devons prendre conscience que le récit n’accorde aucune importance à la guérison physique, mais nous enseigne sur les rites de l’initiation de la première communauté.

Ce qui importe, c’est que cet homme était limité et manquait de toute liberté avant de rencontrer Jésus a retrouvé sa liberté et sa vue. Sa vie était anodine, dépendante des autres hommes. Aujourd’hui sa vie est pleine de sens. Il perd toute peur et commence à être lui-même, pas seulement à l’intérieur de lui, mais aux pharisiens qui le harcèlent. Jésus lui a remis son autonomie, son indépendance, pas à la manière de notre monde. Cette guérison fait de lui un homme sensé. Plus, soulignons fortement que c’était samedi. Jésus ne tient pas compte de cette circonstance lorsqu’il s’agit de faire du bien à l’homme. Aussi, amasser la boue était explicitement interdit par la loi. Pétrir la boue le septième jour prolonge le sixième jour de la création.

Jésus achève la création. Bien aimés dans le Christ Jésus, les pharisiens et ses voisins ne se réjouissent pas du bien de cet l’homme. Plutôt, ils intéressent à la loi et ils pensent que Dieu ne se soucie pas des hommes non plus. Ils vont voir les parents pour dénier le fait qu’ils ne peuvent pas nier. Les parents sont des gens soumis. La question est triple : est-ce votre fils ? Est-il né aveugle ? Comment a-t-il retrouvé la vue ? Ils répondent aux deux premières, mais à la troisième, la plus importante, ils n’osent pas répondre. La peur les empêche d’accepter toute complicité avec le fait. Ils pourraient être expulsés de l’institution.

Une autre alternative, les pharisiens essayent de confondre l’aveugle. Ils veulent par tous les moyens obtenir la loyauté de l’aveugle même contre les preuves. Ils condamnent Jésus au nom de la morale officielle et prétendent que celui qui a été guéri le condamne aussi. Ils sont clairs, Dieu ne peut pas être du côté de celui qui ne respecte pas la Loi.

Dieu ne peut agir contre le précepte même au bénéfice de l’homme. Ils veulent lui faire comprendre que la vue dont il jouit maintenant est contraire à la volonté de Dieu. Mais quelle fut la réponse de l’homme guéri ? L’aveugle n’a pas peur. Exprime ce qu’il pense aux patrons, aux chefs. Les théories opposent les faits. La loi a peut-être été enfreinte, mais ce qui s’est passé est si positif pour lui, que la question se pose : Jésus ne sera-t-il pas au-dessus du samedi ? Il a vécu l’amour gratuit et libérateur. Il sait maintenant ce que c’est d’être un homme et il sait aussi ce qu’est Dieu. Il voit maintenant, les soi-disant saints, les docteurs et les pharisiens sont aveugles.

L’homme utilise une théologie admise par tous. Dieu n’est pas du côté d’un pécheur. Les pharisiens sont si sûrs d’eux qu’ils doutent de la même réalité. L’aveugle ne sait rien, mais il lui est impossible de nier ce qu’il a vécu. Pour ne pas nier son expérience ni renoncer au bien qu’il a reçu, il est expulsé. Avec leur mensonge, ils ont voulu éteindre la lumière-vie. En ne parvenant pas à y parvenir, l’homme ne peut rester dans le champ de la mort, des mensonges, des colonisateurs, qui est la synagogue. La même chose que Jésus a dû sortir du temple, l’aveugle qui a reçu la lumière doit quitter l’institution juive. Le contraste saute aux yeux. Les pharisiens le chassent, Jésus le cherche. J’espère que ces manières des pharisiens de ne se retrouvent plus dans nos couvents, nos communautés chrétiennes, nos familles, nos sociétés… Est-ce vrai ces réalités ? Peut-être que je me trompe de ce que nous vivons aujourd’hui Bien aimés dans le Christ Jésus, le récit s’achève avec l’acceptation totale de Jésus par l’aveugle.

Saint utilise encore un autre verbe « προσεκύνησεν » (se prosterner) même verbe que celui qui désigne l’adoration à Dieu. Le geste de se prosterner pour adorer Jésus n’est pas rare dans les synoptiques, mais c’est le seul passage de Saint Jn où il apparaît. Jésus est l’Homme, le Nouveau Sanctuaire où la présence de Dieu est vérifiée. L’aveugle trouve en Jésus le Sanctuaire où Dieu peut être adoré « en esprit et en vérité » comme la samaritaine du dimanche dernier.

Sommes-nous aussi aveugles ? Sommes-nous conscients de cela ? À chacun/chacune d’y répondre. Continuons de prier pour nos catéchumènes qui se préparent pour être à la piscine de Siloé, la fontaine du baptême dans nos communautés ecclésiales. Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos cœurs. Amen P. Roméo

Yémso, Svd.

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