Cinquième dimanche de Carême

ANNÉE A

Source: https://lectioyouth.net/fr

PREMIERE LECTURE : Ézéchiel 37,12-14
PSAUME 130(129),1-8
DEUXIÈME LECTURE : Romains 8,8-11
ÉVANGILE Jean 11,3-7.17.20-27.33b-45


PRIER
Psaume
130(129),1-8

Des profondeurs je crie vers toi, Yahvé: Seigneur, écoute mon appel. Que ton oreille se fasse attentive à l’appel de ma prière! Si tu retiens les fautes, Yahvé, Seigneur, qui subsistera? Mais le pardon est près de toi, pour que demeure ta crainte. J’espère, Yahvé, j’espère de toute mon âme, et j’attends sa parole ; mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore; plus que les veilleurs l’aurore, qu’Israël attende Yahvé! Car près de Yahvé est la grâce, près de lui, l’abondance du rachat; c’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes.

LIRE LA PAROLE

PREMIÈRE LECTURE Ézéchiel 37,12-14

Prophétise. Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Voici que j’ouvre vos tombeaux ; je vais vous faire remonter de vos tombeaux, mon peuple, et je vous ramènerai sur le sol d’Israël. Vous saurez que je suis Yahvé, lorsque j’ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, mon peuple. Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez, et je vous installerai sur votre sol, et vous saurez que moi, Yahvé, j’ai parlé et je fais, oracle de Yahvé.

DEUXIÈME LECTURE

Romains 8,8-11

Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. Vous, vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas, mais si le Christ est en vous, bien que le corps soit mort déjà en raison du péché, l’Esprit est vie en raison de la justice. Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

ÉVANGILE

Jean 11,3-7.17.20-27.33b-45

Les deux sœurs envoyèrent donc dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » À cette nouvelle, Jésus dit : « Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu : afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore dans le lieu où il se trouvait ; alors seulement, il dit aux disciples : « Allons de nouveau en Judée. »

À son arrivée, Jésus trouva Lazare dans le tombeau depuis quatre jours déjà. Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera » – « Je sais, dit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection.

Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? » Elle lui dit : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde. » Jésus frémit en son esprit et se troubla. Il dit : « Où l’avez-vous mis ? » Ils lui dirent : « Seigneur, viens et vois. » Jésus versa des larmes. Les Juifs dirent alors : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, faire aussi que celui-ci ne mourût pas ? » Alors Jésus, frémissant à nouveau en lui-même, se rend au tombeau. C’était une grotte, avec une pierre placée par-dessus. Jésus dit : « Enlevez la pierre ! » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà : c’est le quatrième jour. » Jésus lui dit : « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? »

On enleva donc la pierre. Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâces de m’avoir écouté. Je savais que tu m’écoutes toujours ; mais c’est à cause de la foule qui m’entoure que j’ai parlé, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Cela dit, il s’écria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le et laissez-le aller. » Beaucoup d’entre les Juifs qui étaient venus auprès de Marie et avaient vu ce qu’il avait fait, crurent en lui.

ENTENDRE LA PAROLE

Le thème : « Dieu appelle à la vie » La séquence des dimanches de carême conduit progressivement à affronter la question centrale de la vie et de la mort humaines. La mort est la limite ultime et inévitable qui met un terme ou semble mettre un terme, à notre vie. La liturgie de ce dimanche aborde la réalité incontournable de la mort, y apportant un message d’espérance. Le prophète Ézéchiel fut actif pendant la période de l’Exil à Babylone. Sa mission était de maintenir l’espérance chez ceux qui avaient tout perdu, avaient vu la mort et demeuraient maintenant dans un pays étranger. Vivant des années de captivité, les déportés étaient en bute au sentiment d’impuissance et au désespoir.

C’était de l’ordre d’une lente mort physique et spirituelle. Au cœur de ces ténèbres, le prophète leur délivra un message destiné à réveiller leur confiance perdue envers Dieu. Il leur expliqua d’abord que lorsque leur relation à Dieu mourait à cause de leur indifférence et de leurs mauvaises actions, ils mouraient également en tant que peuple de Dieu. Mais leur histoire ne s’arrêtait pas là, car Dieu, qui est fidèle, avait déjà prévu une restauration :

« Alors je vous prendrai parmi les nations, je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol » (Ez 36, 24). Dieu allait donc restaurer la vie de la nation détruite par la mort. L’exil babylonien était comparé à un « tombeau ». Mais ce tombeau serait ouvert et le peuple reviendrait, leur esprit serait ranimé par l’Esprit de Dieu. Cette image nous ramène tout droit au récit de la création rapportant comment l’être humain fut formé à partir de la poussière du sol et devint un être vivant quand Dieu lui insuffla le « souffle de vie » (Gn 2,7). De même que dans le jardin d’Éden les premiers humains connaissaient Dieu intimement comme créateur et ami, ainsi les Israélites, de par la restauration de la nation après l’Exil, pourraient-ils voir Dieu dans sa vraie nature, à savoir comme Celui qui donnait la vie et qui ne les abandonnerait jamais à la mort : « Vous saurez que je suis le Seigneur, lorsque j’ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, mon peuple. »

En Romains 8, Paul revient sur l’opposition entre Adam et le Christ, déjà évoquée au chapitre 5 de cette même lettre. C’est à partir de cette opposition qu’il construit son exposé sur deux formes de vie contraires l’une à l’autre : l’une choisie par ceux qui « vivent dans la chair », c’est-à-dire selon leurs inclinations naturelles et l’autre par ceux qui vivent « dans l’Esprit ». Le premier groupe va vers la mort, tandis que le second s’achemine vers la vie éternelle. La présence de l’Esprit est la clé. Ceux qui marchent sur le chemin de la vie sont guidés par l’Esprit Saint « puisque l’Esprit de Dieu habite en vous ». Quand l’Esprit est présent et qu’il agit dans le cœur d’un chrétien ou au sein de la communauté, cette personne ou ce groupe devient une demeure de Dieu : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? »

(1Co 3, 16). Ceux qui vivent dans l’Esprit ne jouissent pas seulement de la présence intérieure de Dieu, mais ils vont vers la vie éternelle parce que cet Esprit est « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts ». Ainsi, vivant par l’Esprit en ce monde, nous faisons l’expérience que notre « corps est mort en raison du péché », mais nous avons la ferme espérance d’avoir cette même vie éternelle grâce à « l’Esprit qui habite en nous ». Vivre selon l’Esprit transforme notre vie mortelle en une marche qui conduit non pas à la mort, mais à l’ultime communion avec Dieu dans l’éternité. La « résurrection » de Lazare est le dernier des sept signes accomplis par Jésus dans l’Évangile de Jean. Après le premier signe qui s’est déroulé à Cana, l’évangéliste fait ce commentaire : « Tel fut le premier des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2, 11).

Lors du dernier signe, Jésus affirme à propos de la maladie de Lazare : « Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu : afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » Puis appelant Lazare à sortir du tombeau, Jésus dit à Marthe : « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » Voir la gloire de Dieu signifie faire l’expérience de Sa présence et de Son action d’une façon très réelle et très tangible. Au cours de l’Exode, la gloire de Dieu se révéla au peuple sur la montagne du Sinaï sous la forme de coups de tonnerre et d’éclairs (Ex 19). Dans l’Évangile, la gloire de Dieu nous est révélée par le geste de Jésus qui donne la vie. Mais la mort et la résurrection de Lazare nous préparent à la mort et à la résurrection même de Jésus.

C’est en Lui qu’adviendra l’ultime et pleine révélation de la gloire de Dieu. Cette révélation commencera avec la dernière Cène, mais ne sera pleinement accomplie qu’au matin de Pâques. Jean 11 fait allusion à une période de « deux jours encore », ce qui correspond au laps de temps pendant lequel Jésus décide de rester à l’endroit où il se trouve plutôt que d’aller porter secours à Lazare. En ce qui le concerne, il devra rester deux jours dans la tombe avant que, le troisième jour, la gloire de Dieu se manifeste par Sa résurrection d’entre les morts. La gloire de Dieu ainsi manifestée en Jésus n’est rien d’autre que le don de la vie qui triomphe de la mort. Dans les récits de la résurrection de Lazare et de Jésus, la foi apparaît comme la donnée essentielle. Jésus commence son ministère à Cana en suscitant la foi de ses disciples qui désormais, croiront en lui. Ils deviennent ses amis. Lazare, l’ami de Jésus, est sauvé de la mort par ce dernier qui demande à ses sœurs de croire en Lui.

En établissant de tels liens, l’évangéliste Jean veut que nous réalisions qu’en Jésus, la gloire de Dieu, c’est-à-dire Sa présence vivifiante, est manifeste. Un être humain n’a besoin que de la foi pour recevoir le don de la vie qui triomphe de la mort. La déclaration puissante de Jésus à Marthe est le meilleur résumé de tout l’épisode : « Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Le prophète Ézéchiel et Paul relient la mort au péché et à ses conséquences. Mais ils affirment également que Dieu défend la vie et ouvre un chemin pour que les nations et les personnes puissent être arrachées à la mort. Pour Ézéchiel, la restauration nationale est le signe que Dieu a pour dessein de donner la vie, tandis que pour Paul ce signe se trouve dans la présence de l’Esprit.

La vie sous la guidance de l’Esprit est le chemin qui conduit à la vie éternelle. Toutefois, c’est en Jésus que nous comprenons Dieu et expérimentons pleinement sa gloire – autrement dit son action décisive et manifeste de faire sortir la vie du tombeau. C’est au nom de Dieu que Jésus l’a fait pour Lazare ; alors que Dieu a personnellement accompli ce geste pour Jésus. Si nous, ses amis, nous cheminons dans l’Esprit et répondons à Jésus avec foi, nous entendrons, nous aussi, la voix de Dieu nous appeler à sortir des tombeaux de notre mortalité pour vivre pleinement en Sa présence. Notre foi commence lorsque, avec le psalmiste, nos voix s’élèvent dans une prière de confiance : « J’espère, Seigneur, elle espère, mon âme, en ta parole. »

ÉCOUTER LA PAROLE DE DIEU

Pour bien comprendre la thématique de ce dimanche, arrêtons-nous maintenant à ce qui signifie l’appel de Dieu à la vie dans la perspective de l’Afrique. Pour les Africains, le principe éthique de la valeur de la vie humaine est de la plus haute importance. Tout ce qui accroît la vie est bon, juste, désirable et devrait être favorisé. Mais tout ce qui porte atteinte à la dignité humaine, l’exploitation et la déshumanisation des personnes, est contraire à l’éthique et injuste. Prenant en compte cette perspective, nous considérerons cet appel à la vie en trois étapes. Premièrement, Dieu est l’auteur de la vie, le créateur de tous les êtres vivants et non vivants.

Dieu n’a pas seulement fait chaque chose, il soutient la création tout entière. La vie humaine telle que donnée par Dieu est sacrée, elle doit être respectée et traitée avec la dignité qui lui est due. Notre responsabilité chrétienne est de répondre à cet appel divin à la vie en assurant la promotion et la protection de cette dernière. Jésus pleure quand des vies innocentes sont tuées dans le sein de leurs mères et considérées comme un simple tissu corporel. Il pleure également lorsque nous détruisons notre propre vie avec l’alcool, la drogue, les cigarettes et toute autre conduite à risque.

Deuxièmement, la vie est un cycle et les ancêtres jouent un rôle essentiel dans la communauté de vie. Nos ancêtres sont les morts vivants et ils font partie intégrante de la formation morale et spirituelle de la communauté. Ils continuent à communiquer avec leurs parents, par exemple à travers les rêves ou les symboles. Un bon ancêtre continue à vivre lorsqu’un nouveau-né reçoit son nom. Jésus pleure aujourd’hui quand, dans de nombreuses communautés, les personnes âgées sont abandonnées ou négligées par leurs propres enfants. Le soin des anciens est devenu une question difficile, pénible, dans la société africaine contemporaine. Autrefois, les personnes âgées étaient valorisées comme sources de bénédiction et de stabilité dans la communauté ; elles étaient les gardiennes de la sagesse et elles enseignaient aux jeunes les coutumes essentielles. Aujourd’hui, Jésus pleure quand des vieillards sont envoyés prématurément à la tombe à cause de la négligence ou du manque de respect de leurs descendants, et il en est de même lorsque leur sagesse est méprisée et négligée.

Troisièmement, la vie est une affaire communautaire vécue dans une relation et une communion authentique entre Dieu, le peuple, les ancêtres et la terre. Aujourd’hui, en tant qu’Africains nous ne pouvons plus affirmer avec fierté : « Je suis, parce que nous sommes ». Il semble que nous sommes en train de perdre rapidement nos valeurs culturelles, ces valeurs qui nous rassemblaient en une communauté. Les familles étendues sont remplacées par de petites familles nucléaires. Des valeurs individualistes et égoïstes affaiblissent gravement le style de vie communautaire africain, autrefois tant admiré. Jésus pleure quand il voit la foule des enfants des rues qui errent et meurent de faim, quand il voit les sans-abris et la violence au sein de villes africaines surpeuplées. Jésus pleure lorsqu’il voit les gouvernants africains s’enrichir de plus en plus tandis que leurs peuples tombent dans une pauvreté toujours plus grande.

Les guerres civiles et la violence politique se développent à cause de leurs intérêts égoïstes, sans compter qu’ils se laissent corrompre et vendent la bonne terre productive à des étrangers. Alors même qu’ils se proclament Africains, ils sont aussi éloignés de l’esprit communautaire de la vie africaine qu’on puisse l’être. Répondre à l’appel de Dieu à la vie est un devoir pour chaque Africain. Nos valeurs traditionnelles sont parfaitement en accord avec cet appel que nous trouvons dans l’Écriture. En tant qu’Africains, nous devons considérer la vie comme le don précieux de Dieu. Ce qui implique pour nous d’être les promoteurs d’une culture de la vie plutôt que d’une culture de la mort. Autant dire que dans nos rapports quotidiens avec autrui dans nos villes, nos villages, nos communautés, nos paroisses, nous devons témoigner de l’appel de Jésus entendu avec tant de force aujourd’hui : « Lazare, sors » et vis.

PROVERBE

« Je suis parce que nous sommes »

(Proverbe africain).

AGIR S’examiner :

Est-ce que je considère ma vie comme un don précieux de Dieu ?

Est-ce que je fais en sorte de la protéger ?

Est-ce que je détruis ma propre vie en ayant des conduites à risque et des pratiques ruineuses pour ma santé ?

Répondre à Dieu :

Tous les jours, au cours de cette semaine, je remercierai Dieu pour ma vie et je prierai afin de pouvoir la vivre pleinement.

Répondre à notre monde :

Au cours de cette semaine, en réponse à l’appel de Dieu qui m’invite à la vie, je lui promets de visiter une personne malade de ma communauté et de prier avec elle. En tant que groupe, choisissons de poser un geste qui témoigne de notre réponse à l’appel divin à la vie. Par exemple : organiser un séminaire ou un atelier pour éduquer ou éveiller la communauté au caractère sacré de la vie humaine et pour expliquer comment il nous appartient de la protéger depuis la conception jusqu’à la mort naturelle.

PRIER

Nous te remercions, Seigneur, pour le don de la vie que tu nous as accordé. Car nous savons que tu nous as créés par amour pour que nous vivions pleinement notre vie et aidions les autres à en faire autant. Ne cesse pas de donner la vie à nos corps mortels et sauve-nous de la mort spirituelle. Que l’Esprit Saint guide nos actions et nos pensées pour que nous nous donnions mutuellement la vie. Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur. Amen.

Source: https://lectioyouth.net/fr


Leave A Comment