Quatrième Dimanche De Carême

PREMIERE LECTURE :1 Samuel 16,1b.6-7.10-13a
PSAUME
23(22),1-6
DEUXIÈME LECTURE :Éphésiens 5,8-14
ÉVANGILE
Jean 9,1-41 ou Jean 9,1.6-9.13-17.34-38

Source: https://lectioyouth.net/fr


PRIER

Psaume 23(22),1-6

Yahvé est mon berger, rien ne me manque. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Vers les eaux du repos, il me mène, il y refait mon âme ; il me guide aux sentiers de justice à cause de son nom. Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal, car tu es près de moi ; ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent. Devant moi tu apprêtes une table face à mes adversaires ; d’une onction, tu me parfumes la tête, ma coupe déborde. Oui, grâce et bonheur me pressent tous les jours de ma vie ; ma demeure est la maison de Yahvé en longueur des jours.

LIRE LA PAROLE

Première lecture :

1 Samuel 16,1b.6-7.10-13a

Yahvé dit à Samuel : Emplis d’huile ta corne et va ! Je t’envoie chez Jessé le Bethléemite, car j’ai vu parmi ses fils le roi que je veux. » Lorsqu’ils arrivèrent et que Samuel aperçut Eliab, il se dit : « Sûrement, pour Yahvé, c’est son oint. » Mais Yahvé dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni la hauteur de sa taille, car je l’ai écarté. Il ne s’agit pas de ce que voient les hommes, car ils ne voient que les yeux, mais Yahvé voit le cœur. »

Jessé fit ainsi passer ses sept fils devant Samuel, mais Samuel dit à Jessé: « Yahvé n’a choisi aucun de ceux-là. » Samuel dit à Jessé: « Les jeunes gens sont-ils au complet ? », et celui-ci répondit : « Il reste encore le plus jeune, il fait paître le petit bétail. » Alors Samuel dit à Jessé: « Envoie-le chercher, car nous ne nous mettrons pas à table avant qu’il ne soit venu ici. » Jessé l’envoya chercher : il était roux, avec un beau regard et une belle tournure. Et Yahvé dit : « Va, donne-lui l’onction : c’est lui ! » Samuel prit la corne d’huile et l’oignit au milieu de ses frères. L’esprit de Yahvé fondit sur David à partir de ce jour-là et dans la suite.

Deuxième lecture

Éphésiens 5,8-14

Évangile Jean 9,1.6-9.13-17.34-38

En passant, il vit un homme aveugle de naissance. Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l’aveugle et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce qui veut dire : Envoyé. L’aveugle s’en alla donc, il se leva et revint en voyant clair.

Les voisins et ceux qui étaient habitués à le voir auparavant, car c’était un mendiant, dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait assis à mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » D’autres disaient : « Non, mais il lui ressemble. » Lui disait : « C’est moi. »

On le conduit aux Pharisiens, l’ancien aveugle. Or c’était sabbat, le jour où Jésus avait fait de la boue, et lui avait ouvert les yeux. À leur tour les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit : « Il m’a appliqué de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois. » Certains des Pharisiens disaient : « Il ne vient pas de Dieu, cet homme- là, puisqu’il n’observe pas le sabbat » ; d’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il faire de tels signes ? »

Et il y eut scission parmi eux. Alors ils dirent encore à l’aveugle : « Toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Ils lui répondirent : « De naissance tu n’es que pécheur et tu nous fais la leçon ! » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Le rencontrant, il lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, que je crois en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois ; celui qui te parle, c’est lui. » Alors il déclara : « Je crois, Seigneur », et il se prosterna devant lui.

ENTENDRE LA PAROLE

Le thème : « Voir comme Dieu voit »

La liturgie du dimanche précédant était fondée sur le thème de l’eau et de la soif que seul le Christ peut étancher pleinement. La liturgie de ce jour nous introduit à la thématique du « voir ». Elle nous conduit à méditer sur notre capacité de nous voir, nous et notre monde, avec des yeux éclairés par Dieu et par sa Parole. Dans la première lecture, le Seigneur reproche à Samuel de se désoler au sujet de Saül, le tout premier roi d’Israël qu’il avait oint auparavant. Ce roi avait été rejeté par Dieu à cause de sa désobéissance. Or d’un point de vue humain, Saül avait toutes les qualités pour être un chef compétent et imposant. Le texte affirme que « nul parmi les Israélites n’était plus beau que lui : de l’épaule et au-dessus, il dépassait tout le monde » (1Sm 9, 2). Pourtant, il échoua au test décisif qui qualifie tout leader en se révélant incapable d’adopter une attitude d’écoute obéissante envers le Seigneur.

Cet échec le disqualifia comme roi et chef du peuple de Dieu. Pour le remplacer Dieu choisit (littéralement : « vit ») finalement un autre roi. Samuel, le prophète de Dieu, fut envoyé chez Jessé à Bethléem pour identifier et oindre ce nouveau roi. Lorsque les fils de Jessé lui furent présentés, Samuel ne vit que l’apparence extérieure des candidats potentiels, comme dans le cas de Saül, les jugeant sur ce seul critère. Le premier, Eliav, eut immédiatement la préférence du prophète qui observa « la hauteur de sa taille ». Mais le Seigneur voit et juge autrement. Il reprit donc Samuel et lui enseigna que « les vues de Dieu ne sont pas comme les vues de l’homme, car l’homme regarde à l’apparence, mais le Seigneur regarde au cœur ». Samuel devait donc arrêter de pleurer le beau et grand Saül, mais également changer sa façon d’évaluer les personnes. Son « regard » devait être guéri et transformé. Il lui fallait consentir aux vues de Dieu qui regarde plus profondément et au-delà de l’aspect physique, de l’évidence, du visible.

De fait, son regard va jusqu’au cœur de la personne et il voit ce qui se trouve sous la surface et l’apparence. C’est David qui devait être oint car, sur le long terme et en dépit de ses fautes, il demeurerait toujours fidèle à Dieu. Voilà pourquoi il trouva la faveur du Seigneur. Le texte affirme que David avait un « beau regard ». Le cœur plein de foi de ce nouveau roi choisi par Dieu était reconnaissable à la bonté qui se reflétait dans ses yeux. Des métaphores associées à la vue, à la lumière et aux ténèbres sont également présentes dans la lettre que Paul adresse aux Éphésiens.

Il affirme : « Jadis vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur. » Dans le contexte, il est manifeste que la situation de ténèbres décrit une vie d’immoralité et de désobéissance étrangère aux exigences qui caractérisent la vie dans le Royaume de Dieu. Un tel comportement est typique des idolâtres (cf. Eph 5, 5). Par contre, vivre « en enfants de lumière » qualifie la conduite du chrétien qui est porteuse de fruits de « bonté, justice et vérité ». Une telle vie relève du défi constant pour le croyant, parce qu’il lui faut d’abord « découvrir ce que Dieu veut ».

En d’autres termes, nous devons d’abord discerner ou reconnaître la volonté de Dieu sur notre vie. La recherche de cette volonté n’est pas facile, car elle reste souvent cachée. Ce qui requiert un œil clairvoyant, car « si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera lumineux. Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux » (Mt 6, 22- 23). Nous pouvons parvenir à cette clarté en nous centrant sur l’étude de la parole de Dieu, en nous enracinant dans une prière persévérante, et en nous comportant honnêtement dans nos relations avec les autres et avec nous-mêmes. Quand nous manifestons notre état de chrétiens et vivons dans la transparence, nous acquérons alors une réelle clairvoyance, car « tout ce qui est illuminé devient lumière ». Par ce biais un disciple de Jésus devient un imitateur de Dieu (cf.Eph 5, 1) et il peut suivre son maître qui –de son côté- lui fournit la lumière nécessaire pour qu’il puisse diriger sa vie. Dans l’Évangile, nous lisons le récit abrégé de la guérison d’un « homme aveugle de naissance ». Jésus s’adresse à cet homme avec un immense respect.

Selon les coutumes de l’époque, il fabrique de la boue avec sa salive et il en enduit les yeux de l’aveugle. Il lui ordonne ensuite d’aller laver ses yeux à la piscine de Siloé. Et tandis que l’homme obéit, accomplissant ce que Jésus lui a demandé, il retrouve la vue. La guérison de l’aveugle ne s’arrête pas à la seule réalité physique. L’histoire est symbolique et renvoie à la guérison spirituelle. Grâce à la guérison de ses yeux et à une autre rencontre avec Jésus, l’homme en vient à comprendre progressivement la véritable identité de celui qui lui a permis de retrouver la vue. Il le considère d’abord comme un guérisseur, quelqu’un qui l’a aidé sur le plan physique. Puis, après le dialogue avec les pharisiens soupçonneux, il reconnaît Jésus comme un « prophète ». Enfin, lors de sa seconde rencontre avec ce dernier et éclairé par les paroles de celui-ci, l’ancien aveugle en vient à confesser Jésus comme le « Seigneur » et à se prosterner devant lui. Sa capacité de vision a été fondamentalement transformée et a basculé sur le plan de la foi. Dans ce récit, « voir » devient un symbole de « croire ».

L’homme est guéri de l’aveuglement qui empêche de voir la présence de Dieu en ce monde. Ici, la restauration de la vue concerne la reconnaissance de Jésus comme le Fils de Dieu et l’accès à la foi en Lui. Notre façon humaine de voir les autres et d’évaluer les situations a souvent besoin du toucher de Dieu qui guérit. Regarder le monde et nous-mêmes à la lumière du Seigneur nous conduit à ne pas juger les autres sur les seules apparences, comme le fit Samuel. La lumière divine nous permet de vivre dans la justice et la vérité et de nous comporter en enfants de lumière, pour reprendre l’expression de Paul. Enfin, c’est la lumière de Dieu qui nous permet de reconnaître Jésus et de lui rendre un culte comme au Seigneur, Lui par qui Dieu se rend présent au milieu de nous.

Tel le berger qui voit bien au-delà de ce que peuvent voir ses brebis, Dieu voit bien au-delà des limites humaines. Le psalmiste le sait quand il proclame : « Il me guide aux sentiers de justice à cause de son nom. » Et même si nous passons par « un ravin de ténèbres », nous pouvons être sûrs que Dieu nous conduira sur le droit chemin si nous cherchons sa guidance, sa lumière et si nous désirons entrer dans ses vues. Quand nous faisons de Dieu notre berger, nous pouvons chanter avec confiance : « Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque. »

ÉCOUTER LA PAROLE DE DIEU

Aujourd’hui, nous sommes invités à nous demander quel regard nous portons sur nous-mêmes et sur les autres. Nous vivons dans un monde où nous ne sommes pas vus ni évalués à travers les yeux de Dieu. Nous jugeons et sommes jugés principalement sur nos apparences et nos réalisations. Notre valeur se décide souvent sur la base de ce que nous donnons à voir et sommes capables de réaliser.

Actuellement, l’accent est mis surtout sur le paraître. Sommes-nous habillés correctement ? Sommes-nous à la dernière mode ? Avons-nous en notre possession le dernier iPhone ? Utilisons-nous les meilleures crèmes et lotions pour la peau ? Il existe des choses conçues à l’échelle du monde pour améliorer notre apparence extérieure, mais tout cela n’impressionne pas Dieu. Que voyez-vous quand vous regardez dans un miroir ? Voyez-vous des imperfections ? Vous demandez-vous d’où elles viennent ? Que voyez-vous quand vous regardez dans votre cœur ? Voyez-vous les traces des maltraitances, des ruptures et des pertes ? Voyez-vous des choix que vous regrettez et des actions que vous voudriez ne jamais avoir commises ? Que voyez-vous quand vous regardez l’avenir ? Y voyez-vous la désespérance, des douleurs et des chagrins supplémentaires ? Nous fondant sur les apparences, nous avons tendance à nous voir de trois manières différentes.

La première est négative : « Je suis vraiment ‘moche’ ». Je continue à tomber dans les mêmes péchés et il est impossible que Dieu puisse m’aimer. La deuxième est trompeuse : « Je suis tellement meilleure que les autres, je dois être privilégiée aux yeux de Dieu. » La troisième est réaliste : « Je suis quelque part entre grandeur et imperfection, un être humain ordinaire avec un réel potentiel, mais aussi des limites et des problèmes. »

Le premier point de réflexion aujourd’hui devrait par conséquent être le suivant : « Comment nous voyons-nous nous-mêmes et comment travaillons-nous là- dessus ? » Les lectures de ce jour nous incitent à aller au-delà des apparences extérieures et à nous examiner en nous demandant comment Dieu nous voit et comment il voit les autres ? Que voit Dieu quand il nous regarde ? Il nous voit objectivement. Il voit comment différentes personnes nous ont aidés et nous ont blessé. Il voit nos déceptions, nos peurs, nos échecs et comment tout cela nous a changés pour le meilleur ou pour le pire. Il voit aussi notre bonté, notre générosité, nos qualités positives, nos dons, nos apports. Il voit et reconnaît que nous faisons de notre mieux. Il remarque aussi que nous luttons pour l’amour et le succès et que nous cherchons des réponses à nos questions, même si souvent nous ne savons pas dans quelle direction le faire. Plus important encore, nous apprenons aujourd’hui que Dieu ignore nos apparences, mais considère notre humanité avec les yeux de son amour et de son accueil inconditionnel.

Nos problèmes, nos égoïsmes, nos accès de vanité, nos angoisses, nous aveuglent souvent sur cette donnée fondamentale. Cette façon dont Dieu nous voit se manifeste pleinement dans la venue de son Fils pour nous sauver. En outre, là où nous ne voyons, comme Samuel, que les limites, la faiblesse, les cassures, Dieu voit une opportunité de se révéler. Dans le récit évangélique, la cécité de l’homme a été mise à profit par Jésus pour conduire celui-ci à la foi. Même nos fautes et nos limites n’empêchent pas Dieu d’agir à travers nous. L’amour de Dieu et sa confiance envers nous, nous enseignent de quelle façon nous devons nous regarder et regarder autrui. Au lieu de nous élever au-dessus des autres ou de nous rabaisser en dessous d’eux, nous sommes appelés à garder ceci toujours présent à l’esprit : peu importe qui nous sommes et ce que nous sommes, nous avons de la valeur et nous sommes importants aux yeux de Dieu sur le chemin unique qui est le nôtre. Cela nous apprendra le respect envers nous- mêmes et envers autrui. Cela nous aidera à voir comme Dieu voit.

PROVERBE

« La personne qui regarde toujours vers le ciel ne découvrira jamais rien sur la terre » (Proverbe africain)

AGIR

S’examiner : Réfléchissez à ce que vous avez éprouvé lorsque les autres ne vous ont vu que sous l’angle de vos apparences et de vos réalisations. Était-ce une évaluation juste ? Avez-vous ressenti qu’il y avait quelque chose de plus profond ? Répondre à Dieu : Confessez les péchés qui consistent à évaluer et à juger les autres sur la base de leur apparence extérieure ; et cela, que vous en soyez l’auteur, vous, votre groupe ou votre paroisse. Priez pour un renouveau afin d’être capable de voir à travers les yeux de Dieu, de voir l’humanité comme le Christ la voit, avec un amour inconditionnel. Répondre à notre monde : Quels pas concrets pouvez-vous faire pour promouvoir ce type de regard, qui consiste à voir avec les yeux de Dieu, dans votre vie personnelle, sociale, paroissiale ? Qui avons-nous exclu de notre groupe en le ou en la jugeant sur ses apparences ? Prenez la résolution de faire ce qu’il faut pour mettre un terme à ce type de pratiques.

PRIER

Aide-moi, Seigneur, à voir les gens et le monde comme tu les vois, à les voir par les yeux de ton Fils, et conformément à la lumière de ton Esprit. Chasse les nuages et les distorsions de la réalité qui me rendent aveugle. Aide-moi à considérer ta volonté et non pas la mienne. Aide-moi à être assez humble pour reconnaître quand j’ai tort ou quand je me suis« accroché » à des croyances, à des attitudes et à des opinions qui ne sont pas les vôtres. Aide-moi à voir et à agir de telle sorte que je puisse accomplir la mission que tu m’as confiée dans la vie .

Amen.


Source: https://lectioyouth.net/fr

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