Troisième Dimanche De Pâques Année A

Image: Wikimedia Commons

PRIER

Psaume 16,1-2.5.7-11

Garde moi, ô Dieu, mon refuge est en toi. Tu as dit à Yahvé: C’est toi mon Seigneur, mon bonheur n’est pas au-dessus de toi.

Yahvé, ma part d’héritage et ma coupe, c’est toi qui garantis mon lot.

Je bénis Yahvé qui s’est fait mon conseil, et même la nuit, mon cœur m’instruit. J’ai mis Yahvé devant moi sans relâche; puisqu’il est à ma droite, je ne puis chanceler.

Aussi, mon cœur exulte, mes entrailles jubilent, et ma chair reposera en sûreté; car tu ne peux abandonner mon âme au shéol, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse.

Tu m’apprendras le chemin de vie, devant ta face, plénitude de joie, en ta droite, délices éternelles.

LIRE LA PAROLE

Première lecture
Les Actes des Apôtres 2,14.22-33

Pierre alors, debout avec les Onze, éleva la voix et leur adressa ces mots: « Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, apprenez ceci, prêtez l’oreille à mes paroles. « Hommes d’Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, ainsi que vous le savez vous-mêmes, cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies, mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès. Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir; car David dit à son sujet: Je voyais sans cesse le Seigneur devant moi, car il est à ma droite, pour que je ne vacille pas. Aussi mon cœur s’est-il réjoui et ma langue a-t-elle jubilé; ma chair elle-même reposera dans l’espérance que tu n’abandonneras pas mon âme à l’Hadès et ne laisseras pas ton Saint voir la corruption. Tu m’as fait connaître des chemins de vie, tu me rempliras de joie en ta présence.

« Frères, il est permis de vous le dire en toute assurance: le patriarche David est mort et a été enseveli, et son tombeau est encore aujourd’hui parmi nous. Mais comme il était prophète et savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur son trône un descendant de son sang, il a vu d’avance et annoncé la résurrection du Christ qui, en effet, n’a pas été abandonné à l’Hadès, et dont la chair n’a pas vu la corruption: Dieu l’a ressuscité, ce Jésus; nous en sommes tous témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint, objet de la promesse, et l’a répandu. C’est là ce que vous voyez et entendez.

Deuxième lecture :

1 Épître de Saint Pierre 1,17-21

Et si vous appelez Père celui qui, sans acception de personnes, juge chacun selon ses œuvres, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre exil. Sachez que ce n’est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, mais par un sang précieux, comme d’un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous. Par lui vous croyez en Dieu, qui l’a fait ressusciter d’entre les morts et lui a donné la gloire, si bien que votre foi soit en Dieu comme votre espérance.

Évangile
Luc 24,13-35

Et voici que, ce même jour, deux d’entre eux faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s’approcha, et il faisait route avec eux; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.


Il Leur dit: « Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant? » Et ils s’arrêtèrent, le visage sombre. Prenant la parole, l’un d’eux, nommé Cléophas, lui dit: « Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui y est arrivé ces jours-ci » – « Quoi donc? » leur dit-il. Ils lui dirent: « Ce qui concerne Jésus le Nazarénien, qui s’est montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées! Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfiés.

S’étant rendues de grand matin au tombeau et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire qu’elles ont même eu la vision d’anges qui le disent vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit; mais lui, ils ne l’ont pas vu! »

Alors il leur dit: « Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire? » Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.


Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d’aller plus loin. Mais ils le pressèrent en disant: « Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme. » Il entra donc pour rester avec eux. Et il advint, comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… mais il avait disparu de devant eux. Et ils se dirent l’un à l’autre: « Notre coeur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures? »


A cette heure même, ils partirent et s’en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui dirent: « C’est bien vrai! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon! » Et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain.

ENTENDRE LA PAROLE

Le thème : « Revoir ses espoirs et ses attentes »

Le troisième dimanche de Pâques centre les lecteurs sur la résurrection et la manière dont elle modifie leurs espoirs et leurs attentes. Tant les disciples de Jésus que les Israélites de son temps étaient porteurs d’attentes

nombreuses et spécifiques à l’égard de Dieu et d’espérances concernant l’avenir. Par sa résurrection, Jésus amène les siens à revoir tout cela et il leur apprend ce qu’ils peuvent espérer et ce qu’ils sont en droit d’attendre.
Les Actes des Apôtres nous font entendre le premier discours de Pierre juste après la Pentecôte. Ce dernier proclame la résurrection de Jésus et, citant le Psaume 16, il montre que l’Ancien Testament avait déjà anticipé cet évènement. Une fois encore, il s’agit de nous faire prendre conscience que sa mort et sa résurrection n’avaient rien d’accidentel. Dès le tout début de la création, Dieu avait l’intention de gratifier l’humanité de la vie éternelle. En même temps, le discours montre comment les espoirs et les attentes des différents groupes en présence ont été complètement bouleversés par cet événement clé. Pierre souligne d’abord que les leaders juifs, de concert avec les autorités romaines, ont conspiré pour mettre Jésus à mort. Ces deux groupes ont agi par jalousie et par peur, essayant de protéger leur propre position et de maintenir leur influence sur le peuple.

Leurs attentes étaient claires : en exécutant Jésus ils espéraient éloigner d’eux une menace et résoudre définitivement le problème. Ils espéraient vraiment que sa mort serait aussi sa fin. Or leurs attentes ont échoué de façon spectaculaire. De fait, en tuant Jésus ils ont contribué à l’émergence d’un tout nouveau mouvement qui allait devenir l’Église. Cette communauté chrétienne fondée sur la résurrection du Christ est encore vivante aujourd’hui, tandis que les institutions qui l’ont condamné ont disparu depuis longtemps. Pierre parle aussi de la « résurrection du Christ ».

Le mot « Christ » signifie « Messie », il désigne celui qui a reçu l’onction. Pierre et ses coreligionnaires juifs attendaient un Messie Roi issu de la lignée de David, qui serait doté de pouvoirs politiques et militaires lui permettant de restaurer le royaume d’Israël sur la terre. Ce qui devait s’accomplir par des moyens militaires et politiques et conduire à la défaite de l’Empire romain. Toutefois, après avoir rencontré le Seigneur ressuscité, Pierre dut revoir ses attentes concernant le Messie et sa mission.

La défaite des armées romaines et le leadership politique n’étaient pas d’actualité pour lui. Le Messie voulait l’emporter sur un ennemi beaucoup plus puissant –la mort elle-même. Les attentes du peuple furent ainsi drastiquement révisées. Ce dernier ne devait plus espérer la restauration du royaume terrestre d’Israël mais un renouveau très différent

La restauration de la nature humaine. Après la résurrection, l’avenir des croyants ne débouche plus sur l’Hadès, le lieu des morts, mais sur la présence de Dieu dans l’éternité là où le Christ glorifié est déjà entré. Ce tout premier discours de Pierre donne aux espérances et aux attentes humaines une direction entièrement nouvelle.

La deuxième lecture met en évidence le caractère central de la résurrection de Jésus et enseigne également à donner une orientation juste à nos espérances et à nos attentes. Quand la première lettre de Pierre fut rédigée, la majeure partie des gens croyaient qu’ils devaient satisfaire leurs dieux, les implorer et les apaiser en leur offrant de l’argent (dont de l’or) et d’autres sacrifices – le plus souvent des animaux. L’objectif était d’apaiser leur colère et de s’assurer leur faveur pour être bénis et jouir de la prospérité matérielle et de la sécurité. L’auteur

de la lettre montre à quel point la foi chrétienne est différente. Offrir de l’argent, de l’or, ou le sang des animaux, n’aboutit à rien ? Notre réconciliation avec Dieu s’est accomplie par le sacrifice du Christ qui a répandu son sang une fois pour toutes (voir He 9,25-26). Il n’y a plus besoin de sacrifices ou d’offrandes supplémentaires. La seule chose attendue des chrétiens est qu’ils mènent une vie conforme aux enseignements de Jésus. Pour pouvoir mener une telle existence, le chrétien et la chrétienne doivent restés centrés sur leur vie future en présence de Dieu : « que votre foi et votre espoir soient en Dieu ». Par conséquent, nos espoirs et nos attentes ne doivent pas se focaliser sur la façon d’assurer notre vie matérielle et notre prospérité terrestre, mais plutôt être dirigés vers Dieu en gardant fermement à l’esprit la réalité de la vie éternelle.

La lecture tirée de l’Évangile est le récit bien connu du voyage en direction d’Emmaüs. L’une des affirmations les plus significatives dans le dialogue entre Jésus et les disciples est la suivante : « Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël… » Cette simple remarque manifeste bien quel pouvait être le ressenti des disciples à ce moment-là. Tous les espoirs qu’ils avaient placés en Jésus quand ils étaient à ses côtés et toutes les attentes qu’ils avaient nourries en le voyant accomplir des miracles et enseigner, avaient été anéantis par sa mort cruelle. Comme la plupart de leurs compatriotes, ils avaient espéré qu’il serait le Messie libérateur du joug romain. Tout semblait donc s’être effondré. Au cours de la conversation, Jésus leur montra leur erreur.

Leurs espoirs et leurs attentes avaient pris une mauvaise direction parce qu’ils n’avaient pas compris correctement les intentions de Dieu. Il les recentra alors sur l’Écriture et leur expliqua le plan divin tel qu’elle le révélait. Il ouvrit leur esprit à la compréhension des desseins de Dieu et finit par se faire reconnaître. Pour cela, il réitéra la dernière Cène en rompant le pain avec eux. À la lumière de l’Écriture et de la fraction du pain, les disciples abandonnèrent leurs espoirs et leurs attentes erronés et retournèrent tout joyeux à Jérusalem. Dans cet épisode, nous voyons qu’ils ont été libérés. Ils ne l’ont pas été de l’oppression romaine comme ils l’espéraient initialement, mais ils l’ont été de leur erreur de perception, de leurs faux espoirs et de leurs attentes vaines. Cette libération leur a apporté la paix et les a rendus capables de commencer un nouveau chapitre dans leur vie de disciples.

Les contemporains de Jésus, tant ses adversaires que ses disciples, avaient des croyances et des attentes très particulières en ce qui concernait le Messie : ce qu’il devait être et ce qu’il devait faire. Ce sont ces mêmes attentes qui ont conduit les chefs à livrer Jésus aux Romains. Après la mort de ce dernier, ces faux espoirs ont conduit les disciples à la désillusion et à la désespérance. La lettre de Pierre quant à elle montre que les premiers chrétiens devaient être libérés de l’idée qu’ils pouvaient gagner la faveur de Dieu en offrant de l’argent et des sacrifices pour garantir leur bien-être terrestre. Il est très important de noter que les faux espoirs et les attentes vaines des correspondants de Pierre et des disciples ont été corrigés par une lecture juste de l’Écriture. Cela montre bien que celle-ci nous permet de découvrir les orientations de Dieu qui devraient façonner nos espoirs et nos attentes. C’est elle qui nous fait comprendre ce que Dieu a accompli en Jésus, tout particulièrement la résurrection. C’est en elle que nous pouvons puiser la confiance, cette confiance que le psalmiste exprime pour conclure son chant : « Tu m’apprendras le chemin de vie, devant ta face, plénitude de joie, en ta droite, délices éternelles. »

ECOUTER LA PAROLE DE DIEU

Il n’est jamais facile de revoir ses espérances et ses attentes à la lumière d’informations nouvelles et contraires à celles que nous avions. Cela requiert honnêteté, courage et foi. Honnêteté parce qu’il nous faut nommer et assumer ces espoirs et ces attentes ; courage parce qu’il nous faut changer de direction à la lumière de ce nouveau savoir qui défie nos croyances ; foi parce qu’il nous faut agir et croire que le changement sera bénéfique. Appliquons ces trois principes à deux exemples qui nous sont familiers, à savoir le mariage et les préjugés. Quand un couple se marrie, les deux partenaires entretiennent des espoirs et des attentes sur ce type de vie. Pour beaucoup, le mariage est appréhendé comme une porte ouverte sur des jours de bonheur sans fin, sur un « heureux pour toujours ». Toutefois, plus ou moins rapidement, ils découvrent de nouveaux aspects chez leur conjoint dont ils n’étaient pas conscients jusque-là : par exemple, des habitudes particulières ou des fragilités ou des points forts. Cette révélation de la vérité de l’autre requiert, pour que le mariage puisse durer, une révision des espérances et des attentes qu’il s’agit d’aligner sur la réalité.

La façon dont un couple gère ce changement est déterminant pour la pérennité ou non du mariage.
L’autre exemple touche les préjugés. Bon nombre d’entre nous entretiennent, sans l’ombre d’une réserve, des croyances négatives ou positives sur les personnes qui ne nous ressemblent pas, telles celles qui appartiennent à un groupe ethnique ou racial autre ou encore à une religion différente. Quand nous sommes confrontés à des données contraires à nos croyances, nous avons le choix :

soit nous prenons la décision de changer nos idées soit nous les gardons. Par exemple, si quelqu’un est convaincu que tel ou tel groupe ethnique est d’un statut inférieur et qu’il en vienne à rencontrer une personne de ce groupe ne correspondant pas à ce stéréotype, l’opportunité lui est donné de revoir ses croyances sur ce groupe ou d’en rester à ses préjugés.


Les disciples et membres de la communauté de Jésus, comme nous l’avons vu dans la réflexion ci-dessus, ont eu un choix similaire à opérer parce que leur Maître n’entrait pas dans leurs attentes et leur vision du Messie. Ils ont dû opter : ou accepter Jésus ou le rejeter. Aujourd’hui, beaucoup de promesses sont faites en son « nom » : la prospérité, la santé, l’assouvissement des désirs matériels. Beaucoup viennent à Jésus à cause de ces promesses. Ils nourrissent des attentes et des espoirs concernant ces réalités et ils sont déçus lorsque Jésus n’y répond pas. Le sacrifice, le don de sa vie pour les autres et la volonté de mourir par amour de la vérité et de la justice, toutes choses qui caractérisent les disciples selon l’enseignement du Christ leur causent un choc. Il leur faut alors revoir leurs attentes et leurs espoirs. Tel est le choix que nous avons à poser : le chemin de Dieu ou notre propre chemin ?

PROVERBE

« Ne regarde pas où tu es tombé, mais là où tu as glissé »

AGIR

S’examiner :
Dans quel domaine de votre vie vous sentez-vous déçu par Jésus ? Qu’est-ce que cela révèle des attentes et des espoirs que vous aviez mis en lui ?
En quoi l’appel à donner votre vie requiert-il un ajustement de vos espoirs et de vos attentes ?

Répondre à Dieu :
Priez pour que Jésus ouvre votre cœur et votre esprit, afin de comprendre les desseins de Dieu sur votre vie quand vous méditez les Écritures.
Priez le Psaume 119(118),18 : « Ouvre mes yeux : je regarderai aux merveilles de ta loi. »

Répondre à notre monde :
Réfléchissez aux attentes et aux espoirs que vous entretenez dans vos relations : à l’égard de votre famille, de vos amis, de votre paroisse, des politiques, du gouvernement. Pensez à la façon de les revisiter et de les travailler en vue d’un changement pour le bien commun. « Soyez le changement que vous voulez… » (Gandhi).

PRIER

Psaume 139(138),23-24
Sonde-moi, ô Dieu, connais mon coeur, scrute-moi, connais mon souci ; vois que mon chemin ne soit fatal, conduis-moi sur le chemin d’éternité.
Amen.


Source: www.lectioyouth.net

Leave A Comment