JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITE ET LA VIE

CINQUIÈME DIMANCHE DE PAQUES, ANNÉE A

TEXTES : Ac 6, 1-7 ; Ps 32 (33), 1-2, 4-5, 18-19 ; 1 P 2, 4-9 ; Jn 14, 1-12

Par ces exhortations entrons dans la célébration liturgique de ce Cinquième de Dimanche de Pâques : « Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi ! » ; « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal » ; « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».

En fait, le contexte de l’Evangile d’aujourd’hui est le discours d’adieu après le dîner dans l’Evangile selon St Jn. En Jn 13, le centre est Jésus. Puis finis les adieux en disant : là où je vais, vous ne pouvez pas venir. Dans Jn 14, le centre est le Père. L’atmosphère est d’une profonde inquiétude et d’un chaos. La trahison de Judas, l’annonce du déni de Pierre, l’annonce du départ, une séparation complète. Tout est terriblement troublant. L’invitation à la confiance répétée est justifiée. La clé du message dans ce passage est la relation de Jésus et celle de ses disciples avec le Père.

Que signifie pour croire ou avoir la foi ? Avec notre monde actuel, pouvons faire confiance à notre frère/sœur ? Pouvons-nous continuer à croire ou avoir foi en Dieu dans les situations réelles et concrètes que chacun de nous traverse aujourd’hui ? Il nous semble que tout le monde est trahi par tout le monde et tout le monde trahit tout le monde. Nous ne pouvons pas dissocier dans notre croyance la confiance de la foi ou la foi de la confiance. La confiance en Jésus et la confiance en Dieu sont la même réalité. Si nous cherchons Dieu, nous sommes sur la bonne voie, parce que nous sommes avec lui. Nous n’avons rien à craindre car en Jésus est déjà le Père avec lequel nous sommes identifiés.

Dans ce discours d’adieu, Jésus s’attribue le rôle donné traditionnellement à la Loi de Moïse qui est aussi décrite en termes de Chemin, de Vérité et de Vie, comme en témoignent, entre autres, ces quelques passages :« Fais-moi connaître tes chemins, Seigneur ; enseigne-moi tes routes. Fais-moi cheminer vers ta vérité et enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Je t’attends tous les jours. » (Ps 25,4-5) ; ou bien « Il chemine selon mes lois ; il observe mes coutumes, agissant d’après la vérité : c’est un juste ; certainement, il vivra, oracle du Seigneur Dieu. » (Ez 18, 9). Aussi, Jésus nous dit : « Dans la maison de mon père, il y a beaucoup de demeures ». Et St Jean, contrairement à l’apocalyptique juive, ne perd pas son temps à décrire ces demeures électives et étagées. Il y a ici plusieurs demeures, sans que l’une d’elle ait plus de valeur qu’une autre. La multiplicité évoque une surabondance et non une hiérarchie. Il y aura de la place pour tout le monde. Ces demeures promises sont liées uniquement à la foi au Fils et au Père. Il ne s’agit pas d’être quelque part mais auprès de quelqu’un, qui est le Christ Crucifié car Il manifeste en totalité l’image du Père : « ..Comme Toi et Moi nous sommes UN… » (Jn 17, 22)

« Je suis Le Chemin, La Vérité et La Vie ». La question de notre frère Thomas permet de nous tenir dans une vision dynamique de la foi qui ne peut s’appuyer uniquement sur une demeure promise plus tard. La maison est la destination dans la foi, mais cette foi est aussi un chemin. Dans ce langage sémantique, Jésus se pose comme Le Seul capable de faire parvenir sur ce chemin les disciples vers le Père. Il n’est pas un guide les menant à la vérité, il est la vérité. Il ne les emmènera pas dans la vie (éternelle), il est la Vie. Mais il se trouve toujours là : il faut passer par lui, la porte des brebis (Jn 10,1-10). Donc, Sa relation est vraiment vitale. Efforçons-nous de nous accrocher à Jésus Crucifié, par sa parole performative, par la vie de ses sacrements.

Que le faire, les actions deviennent un déploiement de la foi en Jésus Christ. C’est en mettant notre amour et notre confiance en notre Seigneur Crucifié et Glorifié, que la communauté croyante déploie son témoignage dans le monde. Car l’orientation n’est plus centrée sur les croyants, mais plus sur notre témoignage. Les première et deuxièmes lectures respectivement nous enseignent et nous encouragent dans cette perspective de rendre témoignage dans la fidélité, la sainteté, la vérité. Notre vrai et unique témoignage de la foi en Jésus Crucifié et glorieux, c’est notre service dans la communauté à l’exemple des sept diacres. Comme « des pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle pour devenir sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus le Christ » (1 P 2,4-5).

Terminons notre méditation par une petite histoire si profonde et si enseignante : Selon une légende du 19ème siècle de Jean-Léon Gérôme, 1896, la Vérité et le Mensonge se sont rencontrés un jour. Le Mensonge dit à la Vérité : « Il fait très beau aujourd’hui. » La Vérité regarde autour d’elle et lève les yeux au ciel, le jour était vraiment beau. Ils passent beaucoup de temps ensemble jusqu’au moment d’arriver devant un puits. Le Mensonge dit à la Vérité : « L’eau est très agréable, prenons un bain ensemble ! » La Vérité encore une fois méfiante touche l’eau, elle était vraiment agréable. Ils se déshabillent et se mettent à se baigner. D’un coup le Mensonge sort de l’eau, met les habits de la Vérité et s’enfuit. La Vérité, furieuse, sort du puits et court partout afin de trouver le Mensonge et de récupérer ses habits. Le Monde en voyant la Vérité toute nue, tourne le regard avec mépris et rage. La pauvre Vérité retourne au puits et y disparaît à jamais en cachant sa honte. Depuis là, le Mensonge voyage partout dans le monde habillé comme la Vérité, en satisfaisant les besoins de la société, et le Monde ne veut en aucun cas voir de nouveau la Vérité toute nue.

Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos cœurs. Amen !

P. Roméo Yémso, Svd.

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