1 ère Dimanche de Carême / A

Lectio Divina

PRIER : Psaume 50, 3-6. 12-14. 17

Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté, en ta grande tendresse efface mon péché, lave-moi tout entier de mon mal et de ma faute purifie- moi.

Car mon péché, moi, je le connais, ma faute est devant moi sans relâche; contre toi, toi seul, j’ai péché, ce qui est coupable à tes yeux, je l’ai fait.
Pour que tu montres ta justice quand tu parles et que paraisse ta victoire quand tu juges.
Dieu, crée pour moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme; ne me repousse pas loin de ta face, ne m’enlève pas ton esprit de sainteté.
Rends-moi la joie de ton salut, assure en moi un esprit magnanime.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange.

LIRE LA PAROLE

Première lecture

Genèse 2,7-9 ; 3,1-7

Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant. Yahvé Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme: « Alors, Dieu a dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? » La femme répondit au serpent: « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sous peine de mort. » Le serpent répliqua à la femme: « Pas du tout! Vous ne mourrez pas! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal. »

La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle endonna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus;ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes.

Deuxième lecture

Romains 5,12-19

Voilà pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché; – car jusqu’à la Loi il y avait du péché dans le monde, mais le péché n’est pas imputé quand il n’y a pas de loi; cependant la mort a régné d’Adam à Moïse même sur ceux qui n’avaient point péché d’une transgression semblable à celle d’Adam, figure de celui qui devait venir…

Mais il n’en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d’un seul, la multitude est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude. Et il n’en va pas du don comme des conséquences du péché d’un seul: le jugement venant après un seul péché aboutit à une condamnation, l’œuvre de grâce à la suite d’un grand nombre de fautes aboutit à une justification.

Si, en effet, par la faute d’un seul, la mort a régné du fait de ce seul homme, combien plus ceux qui reçoivent avec profusion la grâce et le don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus Christ. Ainsi donc, comme la faute d’un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l’œuvre de justice d’un seul procure à tous une justification qui donne la vie. Comme en effet par la désobéissance d’un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle constituée juste.

Évangile

Matthieu 4,1-11

Alors Jésus fut emmené au désert par l’Esprit, pour être tenté par le diable. Il jeûna durant 40 jours et 40 nuits, après quoi il eut faim. Et, s’approchant, le tentateur lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. » Mais il répondit:
« Il est écrit: Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Alors le diable le prend avec lui dans la Ville Sainte, et il le plaça sur le pinacle du Temple et lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit:

Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et sur leurs mains ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre. »Jésus lui dit: « Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu. »

De nouveau le diable le prend avec lui sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit: « Tout cela, je te le donnerai, si, te prosternant, tu me rends hommage. »

Alors Jésus lui dit: « Retire-toi, Satan! Car il est écrit:
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte. »

Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

ENTENDRE LA PAROLE

Le thème : Choisir la vie en optant pour une obéissance confiante

Tandis que nous entrons dans le temps liturgique du carême, la Parole de Dieu nous invite à réfléchir sur les débuts de l’humanité tels qu’évoqués par le premier livre de la Bible, la Genèse. Tout en racontant une histoire, l’auteur du texte sacré ouvre le lecteur à une perception très profonde de la nature des êtres humains dans leur relation à Dieu et dans leurs relations les uns avec les autres. Le deuxième chapitre de la Genèse expose à grands traits la préparation soigneuse à laquelle Dieu se livre pour délimiter l’espace dans lequel l’humanité est appelée à vivre : il plante un jardin avec des arbres pleins de fruits délicieux, et il arrose copieusement la terre. Tout est préparé et mis en place pour permettre à la vie de se développer.

À la différence de Genèse 1 où la création de l’homme apparaît comme le sommet de l’œuvre créatrice, l’auteur biblique de notre récit la situe aux tout-débuts, comme premier fruit de cette œuvre. Le texte montre que humanité est créée pour être dans une relation spécifique avec le Seigneur en précisant qu’elle est animée par le « souffle de vie » qui est en fait le souffle divin. Nous avons là l’indication de la dépendance profonde de la vie humaine à l’égard de Dieu. Perdre ce « souffle » reviendrait à manquer de ce qui fait de l’homme un vivant et conduirait à la mort. Cette dépendance vitale doit être maintenue grâce à une obéissance confiante qui respecte l’interdit de ne pas manger de l’arbre de laconnaissance. Ce qui se solde par un échec.

La description détaillée des événements qui ont conduit à la transgression du commandement de Dieu en Genèse 3 nous en donne la raison. Le récit montre que les premiers êtres humains ont perdu la conscience du don de Dieu; bien plutôt ils ont reçu le commandement divin de ne pas manger du fruit défendu comme une restriction insupportable. La conversation entre la femme et le serpent fait voir que la limite imposée par Dieu a pris la place centrale : « Tu n’en mangeras pas, tu n’y toucheras pas, sous peine de mort. » Les paroles de la femme, prononcées en présence du premier homme, sont venues établir un lien entre Dieu et les limites ou les restrictions. La gratitude pour tous les autres dons, c’est-à-dire pour tous les fruits du jardin dont ils pouvaient jouir, est absente. Les premiers humains ont adhéré à cette image complètement faussée de Dieu, suggérée par le tentateur. Ce qui les a amenés à s’opposer à Lui. Leurs yeux se sont ouverts, mais le résultat est qu’ils se sont découverts nus. Leur manque de confiance, qui les a empêchés de comprendre que les limites imposées par Dieu étaient pour leur bien et leur assuraient une protection, a eu pour effet de fausser leurs relations. Dès lors, et à travers les âges, les humains allaient expérimenter leur « nudité » qui est le symbole de leur faiblesse et de leur vulnérabilité. La désobéissance du premier homme et de la première femme a donc eu pour effet la détérioration des relations harmonieuses qu’ils entretenaient avec Dieu et entre eux.

Dans le chapitre 5 de la lettre aux Romains, saint Paul commence un exposé sur la situation nouvelle des croyants, qui ont été justifiés « dans le Christ » par la grâce de Dieu. Dans le texte lu aujourd’hui, il oppose Adam et le Christ « nouvel Adam ». Son raisonnement est complexe mais il se fonde sur la simple opposition entre la situation de « péché », caractérisée par la «mort»,etl’étatde«grâce»qui apportela«justice»etla«vie».Si la première est liée à Adam et à sa transgression, l’état de grâce l’est à Jésus Christ. Dans ce passage, ce qui différencie absolument Adam et le Christ est l’obéissance. La désobéissance d’Adam fait que les « pécheurs » goutent la mort. Cette expérience de la mort se vit également dans le désordre et la dégradation des relations mutuelles. Au contraire, l’obéissance du Christ restaure la condition de « justice » -autrement dit de justesse dans les relations à Dieu et à autrui. Pour ceux qui, jusqu’alors, étaient « esclaves » du péché, cette restauration de la relation juste s’opère par l’immersion en Christ dans le baptême. Recevant cette grâce comme un don, les chrétiens sont exhortés à adhérer à l’obéissance de Jésus lui-même. Les relations justes et harmonieuses ont été détruites par le premier péché. Le Christ les a restaurées par son obéissance à Dieu.

Dans le récit évangélique, la scène des tentations de Jésus au désert suit immédiatement l’épisode du baptême. À ce moment-là, Jésus est qualifié de fils bien-aimé de Dieu. Dans le désert, il prouve sa fidélité et son obéissance au Père en résistant par trois fois au tentateur. Son expérience au désert dure « quarante jours et quarante nuits », ce qui évoque le périple d’Israël lors de sa sortie d’Égypte. Après avoir traversé la mer Rouge, le peuple fut confronté au désert et à ses tentations. Sa plainte relative au manque de pain (Exode 16) trouve un écho dans la première tentation. Son interrogation quant à la présence salvifique de Dieu (Exode 17) est perceptible dans la deuxième. Enfin, le culte rendu au veau d’or (Exode 32) se reflète dans la troisième de ces tentations. Les Israélites ont échoué en ne faisant pas confiance à Dieu et en ne lui obéissant pas, alors qu’il les avait délivrés de l’esclavage. Au tout- début de sa vie publique, Jésus a été confronté aux mêmes défis qu’eux, mais il s’est montré confiant et obéissant. Enraciné dans la parole de Dieu et dans une obéissance confiante, il a surmonté les pièges du tentateur. En tant que Fils obéissant, porteur de la volonté du Père, il est devenu la Lumière « pour ceux qui habitent le pays de l’ombre et de la mort » (Mt 4, 16).

Le premier dimanche de carême nous présente donc les thèmes de la confiance et de l’obéissance. Les premiers êtres humains ont choisi de ne pas faire confiance et ils ont désobéi à Dieu. La seule connaissance qu’ils en ont retirée est celle de leur fragilité. À l’opposé, Jésus a opté pour l’obéissance fondée sur la confiance dans les desseins du Père et dans ses promesses. Il a fidèlement accompli sa mission ici-bas. Paul évalue les deux attitudes et conclut que l’obéissance de Jésus a apporté la vie au monde, tandis que la désobéissance d’Adam a introduit la confusion et la mort. Au seuil du carême, nous sommes donc informés que notre choixd’une obéissance confiante à Dieu nous donnera la chance d’un renouveau dans notre vie par une restauration de nos relations. Nous avons besoin de force et de détermination pour poser ce choix. Conscients de notre faiblesse et de notre nudité intérieure, nous pouvons nous joindre à la prière du psalmiste : « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu ; restaure en ma poitrine un esprit ferme ». Ainsi, nous pourrons abandonner les transgressions du passé et suivre un nouveau chemin d’obéissance confiante qui nous donnera la vie.

ECOUTER LA PAROLE DE DIEU

Avant d’entreprendre n’importe quel voyage, une préparation adéquate s’avère indispensable pour arriver à bonne destination.

Au début de notre parcours de carême, la liturgie du premier dimanche nous invite à une telle préparation pour vivre pleinement ce temps spécifique. Elle nous fixe donc un objectif qui guidera nos choix et nous permettra de surmonter toutes les épreuves et tous les défis. Cet objectif est de progresser dans une obéissance confiante à Dieu notre Père et de s’efforcer d’être de plus en plus intègres et dignes. Pour atteindre un tel but, il nous faut réfléchir puis faire des choix décisifs.

Changer quelque chose dans sa vie est toujours un défi. Nous devons nous préparer à porter un jugement critique sur notre existence, puis opérer des choix avec force et détermination. Sans cet esprit de décision, nous échouerons et pourrons même nous retrouver avec des problèmes plus sérieux encore. Comme le dit un proverbe africain : « La ferme du paresseux est le lieu où les serpents se reproduisent ». Par conséquent, au moment d’entrer dans le carême, il nous faut prendre la ferme décision de centrer nos efforts sur la conversion personnelle et le renouveau spirituel. Pour atteindre nos objectifs, nous avons besoin de courage et de force, tant physiquement que spirituellement. Une bonne façon de commencer est de considérer notre quotidien et de nous demander sur quelles mauvaises habitudes et attitudes il convient de travailler et de changer ? Commérages, paresse, abus de nourriture, tendance à différents péchés et perte du sens du péché sont précisément des attitudes qui portent atteinte à notre dignité et à notre intégrité. D’autres conduites inquiétantes peuvent provenir de la dépendance et, par là même de l’usage inapproprié de nos téléphones mobiles et d’internet, des drogues, de l’alcool, de la nourriture et de la promiscuité sexuelle. Il est un dicton populaire qui affirme ceci : « L’attitude fait l’habitude, l’habitude fait la personnalité, et la personnalité fait l’homme ou la femme. » En ce temps de carême, considérons nos attitudes et nos comportements habituels car ils reflètent ce que nous sommes réellement. Toutefois, nos efforts ne relèvent pas uniquement du choix de telle attitude ou de telle conduite. Tout changement de vie implique d’abord de s’enraciner dans une relation profonde avec le Seigneur. Et cette relation ne se réduit pas à l’observance de ses instructions ou à la soumission à ses commandements. Le changement commence avec l’amour de Dieu et la confiance en lui. Dans le jardin d’Éden, les premiers humains sont « tombés » parce qu’ils n’ont pas mis suffisamment leur foi en Dieu. C’est leur manque de confiance en lui et le fait qu’ils n’ont pas placé en Lui leur assurance qui les a conduits à la désobéissance et à poser un mauvais choix, avec la mort comme conséquence. C’est la même chose pour nous aujourd’hui. Notre parcours de carême commence avec l’examen de notre attitude envers Dieu. Ai-je vraiment confiance en mon Créateur, en son amour et en sa sollicitude à mon égard ; est-ce que je place en lui mon assurance ? La seule façon de répondre à cette question est d’observer comment je vis : mes attitudes et mes comportements reflètent-ils que j’ai confiance en Dieu et que je suis ses chemins ?

Actuellement, en tant qu’Africains, nous devons faire face à beaucoup de tentations qui nous éloignent de Dieu. Nous avons de moins en moins de temps pour prier ou pour lire les Écritures. Pour beaucoup d’Africains contemporains, la recherche du plaisir et de la distraction a remplacé la quête de Dieu dans la vie de tous les jours. Ils préfèrent regarder un match de football le dimanche, plutôt que de fréquenter l’Église. Passer du temps dans les boutiques et au cinéma prend le pas sur les rencontres familiales et communautaires. La perte du contact avec Dieu entraîne la perte de la confiance en lui et conduit à prendre des options qui ne sont pas bonnes.

En ce début de carême, il serait donc bon de nous examiner pour voir ce qui mine notre confiance et nous empêche de mettre notre assurance en Dieu. Car là sont les véritables sources de nos échecs. Le vrai jeûne consiste à abandonner tout cela. Formulé positivement, nous pouvons dire que, pendant ce temps liturgique, nous avons une merveilleuse occasion de nous centrer sur des activités qui nous rapprochent de notre Créateur : la prière, la lecture des Écritures, les œuvres decharité. Pendant cette période, choisissons de vivre fidèlement dans la dépendance de Dieu. En agissant ainsi, nous serons capables de résister à la tentation et nous pourrons dire comme Jésus : « Arrière, Satan ! »

PROVERBE

« La ferme du paresseux est le lieu où les serpents se reproduisent ».

(Proverbe africain)

AGIR

S’examiner :

Quelles habitudes, quelles attitudes minent ma confiance en Dieu et

m’empêchent de mettre mon assurance en lui?
Est-ce que je passe suffisamment de temps en présence de Dieu, en me consacrant à la prière et à la lecture des Écritures ?

Répondre à Dieu :

Je prierai tous les jours pour recevoir la grâce de me rapprocher de mon Seigneur et de mon Dieu, ainsi que pour avoir la force de vivre ma vie dans une obéissance confiante à son égard.

Répondre à notre monde :

Pendant les semaines du carême, j’identifierai les mauvaises habitudes et attitudes qui m’isolent de Dieu et je ferai porter mon jeûne sur elles.

En tant que groupe, réfléchissons à une activité susceptible de manifester que nous choisissons la vie en adoptant une attitude d’obéissance confiante à Dieu.

PRIER

Seigneur,
préserve-nous des tentations et,
si elles surviennent, accorde-nous la force et la grâce nécessaires pour les surmonter.
Guide-nous sur les sentiers
de la confiance et
de l’obéissance plénière
quand nous avons à faire des choix qui nous donneront un surcroît de vie dans notre communauté. Donne-nous la grâce et la fidélité dont nous avons besoin
pour t’obéir, toi notre Dieu créateur. Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur.
Amen.

SOURCE :

www.lectioyouth.net

www.facebook.com/lectioyouthnet

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