Sixième Dimanche de Pâques
ANNÉE A
Première Lecture: Les Actes des Apôtres 8, 5-8. 14-17
Psaume : Psaume 66, 1-7. 16.20
Deuxième lecture : 1 Épître de Saint Pierre 3, 15-18
Évangile : Jean 14, 15-21
PRIER
Psaume 66, 1-7. 16.20
Acclamez Dieu, toute la terre, chantez à la gloire de son nom, rendez-lui sa louange de gloire, dites à Dieu: Que tu es redoutable!
A la mesure de ta force, tes œuvres. Tes ennemis se font tes flatteurs; toute la terre se prosterne devant toi, elle te chante, elle chante pour ton nom.
Venez, voyez les gestes de Dieu, redoutable en hauts faits pour les fils d’Adam: il changea la mer en terre ferme, On passa le fleuve à pied sec.
Là, notre joie en lui, souverain de puissance éternelle! Les yeux sur les nations, il veille, sur les rebelles pour qu’ils ne se relèvent.
Venez, écoutez, que je raconte, vous tous les craignant-Dieu, ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière ni son amour loin de moi.
LIRE LA PAROLE
PREMIERE LECTURE
Les Actes des Apôtres 8, 5-8. 14-17
C’est ainsi que Philippe, qui était descendu dans une ville de la Samarie, y proclamait le Christ. Les foules unanimes s’attachaient à ses enseignements, car tous entendaient parler des signes qu’il opérait, ou les voyaient. De beaucoup de possédés, en effet, les esprits impurs sortaient en poussant de grands cris. Nombre de paralytiques et d’impotents furent également guéris. Et la joie fut vive en cette ville.
Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l’Esprit Saint leur fût donné. Car il n’était encore tombé sur aucun d’eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains, et ils recevaient l’Esprit Saint.
DEUXIÈME LECTURE
1 Épître de Saint Pierre 3, 15-18
Au contraire, sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur Christ, toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect, en possession d’une bonne conscience, afin que, sur le point même où l’on vous calomnie, soient confondus ceux qui décrient votre bonne conduite dans le Christ. Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si telle était la volonté de Dieu, qu’en faisant le mal. Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit.
ÉVANGILE
Jean 14, 15-21
Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements; et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous ; et en vous il sera. Je ne vous laisserai pas orphelins. Je viendrai vers vous. Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous verrez que je vis et vous aussi, vous vivrez. Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime; ou celui qui m’aime sera aimé de mon Père; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui. »
ENTENDRE LA PAROLE
THÈME : « La résurrection spirituelle »
Plus avant dans le temps pascal, les lectures traitent du caractère central de la résurrection de Jésus pour la foi, et de son importance en ce qui concerne le sens et la direction à donner à sa propre vie. La liturgie dirige notre attention sur les conséquences de la résurrection pour le cœur humain. À cause de cette polarisation sur l’Esprit Saint, ce dimanche nous prépare aussi à la célébration de la Pentecôte qui conclut ce temps liturgique.
La première lecture, tirée du livre des Actes des Apôtres, est parfois appelée « la Pentecôte des Samaritains ». Elle présente la première étape significative de l’expansion de l’Église hors de Jérusalem, dans les pays non juifs. Un autre trait intéressant et signifiant dans ce texte est l’intervalle entre le baptême et la réception de l’Esprit, qui ne vient que plus tard. Un tel intervalle est inhabituel puisque le baptême était normalement accompagné de la descente immédiate du Saint-Esprit (cf. Ac 2, 38 ; 9, 17-18), qui parfois même le précédait (cf. Ac 10, 44-48). Il n’existe qu’un seul autre cas de ce type dans l’histoire de l’Église et il se situe à Éphèse (Ac 19, 5-6). Les Samaritains croyaient au Christ suite à la proclamation de Philippe, à ses guérisons et à ses exorcismes. Toutes choses qui leur prouvaient que son message était accompagné de la puissance de Dieu. Ils étaient déjà baptisés, mais ce n’est qu’après l’arrivée de Pierre et de Jean qui venaient de Jérusalem et leur imposèrent les mains, qu’ils reçurent le Saint-Esprit, devenant ainsi des membres à part entière de la communauté chrétienne. Pourquoi l’auteur des Actes présente-t-il cette intégration dans la communauté selon un processus en deux étapes ? L’une des explications possibles de cette présentation est sa volonté de souligner que l’acte formel du baptême doit être accompagné par une transformation intérieure qui est le fruit de la réception de l’Esprit. Les Samaritains avaient déjà accepté le Christ comme leur Seigneur et leur Sauveur, mais il leur fallait la force de l’Esprit pour être en mesure de manifester les effets de leur conversion. La foi en la résurrection ne peut se réduire à la simple reconnaissance intellectuelle que Jésus est ressuscité ; quelque chose doit avoir changé dans la vie. De même, convaincre une personne de se joindre à la communauté chrétienne n’est pas suffisant. La résurrection affecte l’esprit humain au niveau le plus profond et le rend prêt à recevoir la force de Dieu et à la diriger vers l’extérieur pour en témoigner.
Les effets intérieurs de la résurrection transparaissent encore mieux dans la deuxième lecture. Le passage commence avec l’exhortation ainsi formulée : « sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur Christ ». Ces mots laissent entendre deux choses : à savoir, le besoin d’une conviction intérieure profonde que Jésus ressuscité est bien Dieu – puisque Dieu seul est saint -, et la nécessité de faire de lui le centre de sa vie. Suite à cette affirmation, l’auteur discute des deux manifestations qu’entraîne une telle conviction. La première est la capacité de présenter et d’expliquer les raisons de l’espérance chrétienne – manifestement l’espérance de la résurrection corporelle et de la vie éternelle. Les chrétiens doivent être en mesure de fournir une explication claire et convaincante de la foi à laquelle ils adhèrent. Cette capacité ne peut être développée que par un chrétien ou une chrétienne qui a sérieusement réfléchi sur sa foi et l’a solidement enracinée dans les Écritures et dans sa propre expérience. Une telle défense de la foi doit donc être faite d’une manière respectueuse et douce et non dans un esprit de contention et d’hostilité.
La deuxième de ces manifestations est la sanctification du Christ dans son cœur, laquelle doit être visible à l’extérieur et se manifester dans un comportement éthique, plus particulièrement lorsque nous sommes confrontés aux insultes et à la calomnie. Les premiers chrétiens avaient une expérience fréquente des adversités et des oppositions. L’auteur les exhorte à se conduire de façon irréprochable, afin qu’ils ne soient pas accusés à cause de leur mauvaise conduite. S’ils doivent affronter la persécution, ce doit être en qualité d’innocents. Confrontés à un tel harcèlement, ils doivent imiter le Christ qui lui-même a souffert alors qu’il n’avait commis aucun mal. Ce faisant, Jésus meurt dans son corps mais demeure pleinement vivant dans son esprit. D’après ce passage, être vivant en son cœur, c’est avoir une compréhension juste et profonde de la foi professée par un chrétien, ainsi qu’une conscience claire résultant d’une vie droite. Dans notre langage moderne, la résurrection spirituelle revient à garder son esprit éveillé en grandissant dans la compréhension du fondement de notre foi, et à garder sa conscience pure en vivant selon l’enseignement du Christ. L’étude de l’Écriture se révèle indispensable pour accomplir cet objectif.
Le trait le plus remarquable du passage extrêmement riche de l’Évangile est peut-être la présentation qu’il fait du lien intime existant entre Dieu, Jésus, l’Esprit Saint et les disciples. Ces personnes sont reliées par l’amour. Dans cette partie de l’Évangile, Jésus continue à parler de son départ. Il assure de son retour les disciples troublés : il ne les laissera pas orphelins. Mais quelle forme ce retour prendra-t-il ? Jésus fait sûrement allusion à sa venue à la fin des temps, à la Parousie. Mais il parle surtout de son retour et de son éternelle présence par la médiation de l’Esprit que le Père enverra en réponse à sa prière. L’Esprit est le lien qui unit Jésus et ses disciples de telle sorte qu’à la faveur de cette union, ils puissent contempler la face du Père. Il s’agit pour eux de répondre avec un amour qui se manifeste dans la garde des commandements de Jésus. Dans l’Évangile de Jean, toutefois, celui-ci ne donne qu’un seul commandement : « Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). L’amour de Jésus qui se répand dans le cœur des disciples doit se manifester dans des actes d’amour envers les autres. L’amour du Christ est un amour qui demande une réponse, laquelle ne peut se réduire à un simple sentiment ou à une admiration abstraite. Lui nous a démontré qu’il nous aimait en allant jusqu’à la croix ; et la résurrection qui s’en est suivie, prouve qu’un tel amour est capable de vaincre la mort. En vivant ce type d’amour, les disciples sont sûrs de la résurrection spirituelle dès cette vie.
La liturgie de ce jour souligne l’impact qu’a ou devrait avoir la résurrection de Jésus dans le cœur et la vie des croyants. La condition préalable à la résurrection des corps à la fin des temps est précisément la résurrection spirituelle dans l’existence présente, laquelle est le relèvement du tombeau de l’apathie intérieure et de l’indifférence. C’est peut-être ce que l’auteur des Actes des Apôtres avait à l’esprit quand il présentait l’accès des Samaritains au christianisme, en distinguant deux étapes. L’auteur de 1 Pierre quant à lui insiste sur le fait que l’adhésion au Christ ressuscité implique un renouvellement constant au niveau intellectuel et moral, lequel est appelé à devenir évident pour ceux de l’extérieur. L’Évangéliste Jean pour sa part identifie l’amour comme la force qui relie les disciples à Dieu, montrant ainsi que cet amour se manifeste par l’obéissance au commandement de Jésus de s’aimer les uns les autres. Un tel amour rend une personne intérieurement vivante, ressuscitée du tombeau de l’égocentrisme et de l’égoïsme. Un chrétien ou une chrétienne qui met en œuvre la résurrection de cette manière devient une illustration de la présence de l’Esprit de Dieu donateur de vie. En regardant une telle personne, les autres peuvent dire avec le psalmiste : « Venez, voyez les gestes de Dieu, redoutable en hauts faits pour les fils d’Adam. »
ÉCOUTER LA PAROLE DE DIEU
L’un des moyens pour comprendre l’impact du christianisme sur la communauté humaine est de demander à des non-chrétiens de décrire les croyants. Parmi les réponses généralement données à cette question, nous trouvons celles-ci : « les chrétiens vont à l’Église tous les dimanches ; ils ne font pas la fête ; ils ne se droguent pas ; ils ne s’amusent pas » ; « certains chrétiens pensent qu’ils sont meilleurs que les autres, mais en fait ce sont des hypocrites qui s’érigent toujours en juges » ; « les chrétiens croient en Jésus Christ, célèbrent Pâques et Noël et se disputent entre eux car ils ont beaucoup de divergences dans leurs croyances. » Généralement, les références semblent plus négatives que positives.
Il est également important d’interroger les chrétiens sur leur identité, de leur demander d’expliciter et de défendre leurs convictions. Beaucoup d’entre eux expliquent leur foi à travers des « il faut » et des « il ne faut pas » et s’évaluent à partir de certaines « règles » comme par exemple : aller à la messe hebdomadaire, donner aux pauvres, réciter le rosaire, rester purs sur le plan sexuel, etc. Il n’est donc pas étonnant que les non-chrétiens nous décrivent en termes de « permis » et de « défendu.
Trop souvent, une fois les années de catéchisme achevées, les jeunes adultes limitent leur vie de foi à des observances et à certaines pratiques, pensant que cela est suffisant. En tant que jeunes, nous subissons beaucoup de pressions et devons affronter maints défis qui ne nous laissent pas beaucoup d’espace et de temps pour nous engager dans une pratique de notre foi chargée de sens. Du coup, lorsqu’on nous interroge sur le sujet ou lorsque des gens de l’extérieur nous observent, notre christianisme apparaît superficiel et peu sincère. Beaucoup de jeunes adultes, après avoir participé activement à la vie de leur paroisse et s’être engagés dans des groupes de jeunes, s’éloignent petit à petit de l’Église. Après un temps où ils ressentent un vide spirituel, ils en arrivent parfois à rejoindre d’autres Églises ou des sectes qui les trompent avec des promesses de bienfaits divers et une vie de communauté animée. Et tout cela entraîne pour leur foi un arrêt de la croissance.
Jésus est venu restaurer la relation entre l’humanité et Dieu. Une relation peut commencer avec le « permis » et « le défendu », comme c’est le cas entre les parents et leurs enfants. Mais là n’est pas le but ! Les bons parents espèrent tous qu’un temps viendra, où ils pourront vivre des relations adultes avec leurs enfants, des relations qui ne se fondent pas sur des règlements mais sur un amour réciproque. De même, dans notre histoire chrétienne, on nous enseigne des règles et des principes qui constituent des fondements, pour qu’au fur et à mesure que nous grandissons dans notre foi nous puissions développer une relation avec Dieu motivée par l’amour et non par des règlements. C’est cette relation d’amour qui nous transforme en personnes aimantes, capables de partager avec d’autres ce que nous vivons là. C’est un élément essentiel de notre témoignage de foi.
Le monde est fatigué du « permis » et du « défendu », et désirent ardemment une relation d’amour qui soit mutuelle et transformante. C’est saint Augustin qui a dit : « aime et fais ce que tu veux. » Et cela, parce qu’il avait compris que l’amour est la motivation et le fondement d’une vie éthique qui plaît à Dieu. Nous pouvons donner l’exemple d’une telle vie et d’un tel amour quand nous faisons périodiquement l’expérience de la résurrection spirituelle. De temps en temps, nous ressentons la force du Seigneur ressuscité en nous qui ranime notre passion et notre zèle. Être membres d’un groupe rend les choses plus faciles car la foi et le zèle des autres – sans compter le fait de les partager – nous donnent l’inspiration nécessaire pour nous sentir de nouveau vivants.
PROVERBE
« Aider un enfant à aimer est souvent plus important que toutes les autres choses que vous pouvez lui apprendre »
(Proverbe africain).
AGIR
S’examiner
Réfléchissez sur la définition que vous donneriez d’un chrétien – est-elle en rapport avec des lois, des règles ou a-t-elle trait à l’amour et au changement du cœur ?
Qu’est-ce qui vous pousse à suivre le Christ et à rechercher une vie éthique : la peur de transgresser des lois ou l’amour du Christ ?
Répondre à Dieu
Réfléchissez à votre relation avec Dieu –est-elle fondée sur la loi ou sur l’amour ?
Demandez la grâce d’initier une relation d’amour avec Dieu sur laquelle vous pourrez fonder votre vie chrétienne.
Répondre à notre monde
L’une des raisons qui amènent certains à rejeter le christianisme est qu’ils le perçoivent comme une religion de règlements et non comme une relation d’amour. Discutez des règles que vous suivez dans votre groupe et examinez-les pour voir si elles aident le groupe à vivre une existence plus chrétienne.
PRIER
« Une chose qu’à Yahvé je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison de Yahvé tous les jours de ma vie, de savourer la douceur de Yahvé, de rechercher son palais. Car il me réserve en sa hutte un abri au jour de malheur; il me cache au secret de sa tente, il m’élève sur le roc. Maintenant ma tête s’élève Au-dessus des ennemis qui m’entourent, et je viens sacrifier en sa tente des sacrifices d’acclamation. Je veux chanter, je veux jouer pour Yahvé ». Ps 27(26), 4-6
source : www.lectioyouth.net