Moi, Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur

6ÈME DIMANCHE DE PAQUES, ANNEE A

TEXTES : Ac 8, 5-8.14-17 ; Ps 65(66) ; 1 P 3, 15-18 et Jn 14, 15-21

Le dimanche dernier le Seigneur nous a affermis par ses propres paroles : « Moi, Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Et que « le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : Je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes » (Jn 14, 10-11).

Aujourd’hui dans le même contexte il nous dit de nouveau : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. » En ce dimanche, à travers la Parole de Dieu, surtout l’évangile de ce jour (Jn 14, 15-21), nous ne doutons plus du départ de Jésus vers le Père.

Les paroles de l’Evangiles font écho aux deux textes prophétiques de l’AT : « Je vous prendrai du milieu des nations, je vous rassemblerai de tous les pays, je vous conduirai dans votre terre. Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles. » (Ez 36, 24-27) Ou bien « Alors, après cela, je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là. » (Jl 3, 1-2)

La première lecture nous enseigne que l’annonce de l’Evangile apporte la joie : Dieu s’est révélé, et par son Esprit il guérit les corps et les cœurs. Tous sans doute ne se convertiront pas, mais la collectivité a connu un moment de joie et d’enthousiasme. Quant à la lettre de St Pierre (1 P 3,15-18), l’Apôtre nous partage que le chrétien ou ami du Christ loin d’être salué par les applaudissements, les révérences, est souvent en butte aux railleries, aux calomnies, aux médisances, au dénigrement, voire aux persécutions. Pierre bien averti et avisé à cet effet, nous offre les armes de la charité divine : la douceur, le respect d’autrui, la tolérance, l’acceptation de l’autre, le silence, le temps, le témoignage tranquille de sa propre foi.

En comparaison avec les violences dans le monde actuel, nous réalisons que c’est un combat inédit et inégal que l’Eglise dans chacun de ses membres doit apporter comme la Lumière de la foi, de la charité et de l’espérance. Le chrétien doit accepter de perdre pour que ceux/celles qui ont toujours raison, gagnent. Nous semble-t-il qu’il y a toujours des personnes qui n’ont jamais tort et justes partout. Et que c’est les autres qui sont erreurs et les propagent.

La Parole de Dieu nous apporte La Bonne Nouvelle : ce que nous avons à nos côtés un Autre Soutien, qui pourtant n’est pas « Autre » : l’Esprit que le Seigneur nous laisse en cadeau d’adieu fait que nous lui restons proches, et même que nous le « voyons ». Il nous est donné de partager la vie avec lui, vivant, et d’être inclus dans la plénitude de la Trinité. L’amour que nous portons au Seigneur, le Seigneur n’est pas seul à y répondre. Nous sommes aimés du Père, il nous est donné de connaître plus profondément le Fils ; l’amour de Dieu, qui est l’Esprit, habite au plus profond de notre âme.

Au fait, le don de l’Esprit est associé à la glorification, la résurrection, de Jésus. Il est ici difficile de dissocier le Christ et l’Esprit. Au contraire, le don de l’Esprit ouvre les croyants à la pleine révélation et au salut : vous me verrez vivant et vous vivrez aussi. Ce jour-là, vous allez expérimenter que je suis identifié à mon Père, vous à moi et moi à vous. En participant à la même vie de Dieu, à laquelle Jésus lui-même participe, vous allez expérimenter l’unité avec Jésus et Dieu. C’est le sens le plus profond de l’amour (agape). Il n’y a plus de sujet qui n’aime ni d’objet aimé. C’est une expérience d’unité et d’identification si vivante que personne ne pourra l’arracher. C’est une communion d’être absolue entre Dieu et les hommes. C’est pourquoi en les aimant, c’est Dieu lui-même qui aime. L’amour-Dieu se manifeste en eux comme il s’est manifesté en Jésus.

Somme toute, dans l’AT, la présence de Dieu était située dans un lieu, la tente de la rencontre ou le temple, maintenant chaque membre de la communauté sera la demeure de Dieu. Ce ne sera pas seulement une expérience intérieure ; l’amour manifesté rendra cette présence visible. Mais tout ne sera pas aussi facile, n’oublions pas que nous prêchons un Jésus Crucifié. Alors, malgré les différentes formes des tentations de notre société, Jésus rappelle que l’Esprit de Vérité, l’autre défenseur, reçu avec la glorification du Fils (20,22) demeure dans la continuité du premier défenseur : le Christ qui, victorieux du mal, révèle son amour jusque sur la croix. Ce premier défenseur ne quitte pas la scène ecclésiale, il y demeure présent : « Je ne vous laisserai pas orphelin. Présence assurée par le don de l’Esprit. Je viens vers vous. »

Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos cœurs. Amen !

P. Roméo Yémso, SVD

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