Je ne veux pas. Mais ensuite, s’etant repenti, il y alla.

26 ème Dimanche du Temps Ordinaire, Année A

TEXTES : Ez 18, 25-28 ; Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7.8-9 ; Ph 2, 1-11 ; Mt 21, 28-32.

Les différents textes liturgiques de ce 26 ème dimanche nous appellent à une prise de conscience sur notre état d’être tous/toutes, les créatures aimées de Dieu-Amour. Ils nous exhortent à lutter contre le racisme, la discrimination, l’esprit de supériorité, bref se détourner du mal, la conversion :« Si le méchant se détourne de sa méchanceté, il sauvera sa vie » ; Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse (Ps 24, 6a) ; « Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes…Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » et « S’étant repenti, il y alla » car « Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; Moi, je les connais, et elles me suivent » (Jn 10, 27).

En effet, notre plus grand mal c’est se croire parfait, intelligent et supérieur aux autres. L’important est de découvrir nos échecs et de rectifier ce qui a été mal fait. Malheureusement, il en y a ceux/celles qui n’ont jamais d’échecs dans leur vie. Souvent les autres. Ce que nous disons ou ce que nous proclamons ne sont que des mots vides, sans performance, tant qu’ils ne sont pas accompagnés d’une attitude vitale, qui se manifestera inévitablement dans les œuvres. C’est pourquoi en St Jean, Jésus met comme instance définitive ses œuvres. « Même si vous ne me croyez pas, croyez au moins à mes œuvres ».

Le dimanche dernier nous parlait de la parabole des ouvriers de la dernière heure.

 Aujourd’hui, il nous parle de deux types d’enfants. En fait dans l’AT, le peuple dans son ensemble était considéré comme « les fils de Dieu, ou les fils d’Israël ». Jésus distingue maintenant deux types de fils : ceux qui se considèrent comme de vrais Israélites et ceux que les chefs religieux considèrent comme des pécheurs. Rappelons-nous qu’être fils signifiait toujours « faire la volonté du père ». Un bon fils était celui qui émergeait du père. Celui qui cessait de faire la volonté du père cessait d’être un fils. Qui a fait la volonté du père ? Qui est le vrai Fils ?

Analysons un peu les paroles de Jésus. Le contexte nous dit que Jésus fait face aux chefs religieux, en réponse à l’opposition que manifestent les évangiles. Tous les Évangiles indiquent clairement ce combat à mort des instances religieuses contre Jésus. Cependant, nous ne pouvons pas tirer de ces arguments d’antisémitisme : Les prostituées et les collecteurs d’impôts, que Jésus place devant les chefs religieux, étaient aussi juifs ; et les premiers chrétiens étaient tous juifs. C’est l’une des phrases les plus blessantes que Jésus puisse dire aux chefs religieux. Ils étaient les deux types de personnes les plus dénigrées et détestées par les instances religieuses.

Les pharisiens n’avaient rien à regretter, ils étaient parfaits, car ils disaient « oui » à tous les commandements. Ils pensaient qu’eux seuls avaient droit à la faveur de Dieu, c’est pourquoi ils rejetaient totalement le changement que leur proposait Jésus. C’est comme les premiers ouvriers de la parabole demandaient et réclamaient plus de salaire pour leur travail. Pour eux, il est intolérable que Dieu paie la même chose à ceux qui n’ont pas travaillé. Ils ne réalisent pas que leur réponse est seulement formelle, sans engagement vital : L’esprit de la loi ne les importait pas.

Quel message qui est derrière cet évangile de Mt ? Nous pensons que l’organigramme religieux et social de l’époque de Jésus était répressif et injuste. Que cette situation continue au nom de Dieu, le Seigneur Christ ne pouvait pas le supporter, tolérer Lui qui avait découvert un Dieu Amour-Miséricorde qui veut le bien de tous les êtres humains.

Le récit ne fait pas allusion aux deux autres situations qui peuvent se produire : le fils qui dit oui et va travailler à la vigne ; et le fils qui dit non et qui n’y va pas. Dans ces deux cas, il n’y a aucune chance de se tromper et la question de savoir qui a exaucé ou exauce la volonté du père. Le but du récit est de mettre en garde contre la tromperie, l’apparence dans laquelle peut tomber celui qui interprète superficiellement et à la légère la situation de celui qui dit « oui » et de celui qui dit « non ».

En somme, l’évangile nous fait dire que les actes sont plus importants et que les mots qui sortent de nos bouches. Autrement, la pratique l’emporte toujours sur la théorie. Cependant, Jésus ne nous invite pas à dire non et ensuite oui. L’idéal serait de dire oui et de faire ; mais ce qui est merveilleux dans le message est justement là : Dieu comprend notre limitation radicale et admet la possibilité de rectification, après avoir « reconsidéré », dit la péricope. Nos attitudes religieuses parfois semblent incohérentes et incitent à dire que nous faisons une religion de rites, de doctrines et de préceptes. Depuis la prise des sacrements (baptême, confession, mariage, ordination), de profession religieuse (manches courtes ou longues) nous disons « oui je viens », mais il semble que nous restons toujours là où nous sommes. Être chrétien/chrétienne, c’est découvrir la volonté du Père et l’accomplir toujours et en tout lieu.

Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos cœurs. Amen.

P. Roméo Yémso, Svd.

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